Il s’agit d’un fait récurrent à travers lequel le préfet de Tône, Yendoukoua Douti Tchimbiandja s’illustre maladroitement dans sa localité comme si les médias ne relèvent pas l’instance de régulation des médias qu’est la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC).
C’est devenu pour lui une habitude de faire abus de ses prérogatives, voir les outrepasser et se substituer à la HAAC quand il s’agit des hommes de médias et des médias qui ne sont pas prêts à suivre le diktat de ce représentant du pouvoir central dans la préfecture. Les témoignages sont légions pour dénoncer le préfet de Tône qui n’est pas à son premier essai en matière d’excès de zèle pour plaire à qui, personne ne sait.
Cette fois encore, c’est la radio courtoisie, seule radio commerciale de la ville de Dapaong dans la région des Savanes et existant depuis bientôt vingt-cinq ans qui a fait les frais de tomber dans l’œil du cyclone de ce préfet.
Les faits
Il sonne 19h ce mardi 22 octobre 2024, l’émission « Sept jours ici » animée tous les mardis par Mohammed Koudoungou qui traite de l’actualité hebdomadaire au plan local, national et international démarre.
Un premier sujet est abordé et jusqu’ici tout va bien. 40 minutes plus tard l’animateur aborde un sujet relatif au report de l’élection du chef canton de Pana. Il n’en fallait pas plus pour déclencher la colère du préfet qui passe un coup de fil à la promotrice de la radio courtoisie pour lui intimer l’ordre de faire arrêter manu militari l’émission en cours de diffusion. Car selon lui, ce ne sont que des faussetés qui sont dites actuellement sur le sujet relatif à la chefferie dans le canton de Pana.
A peine raccroche-t-elle quelques minutes plus tard que c’est au tour du Commandant de Brigade de gendarmerie nationale dans la localité d’appeler pour le même sujet, car ayant été informé plus tôt par le préfet. La pauvre dame apeurée lui répond qu’elle a déjà été contactée par le préfet et que les consignes ont été données pour que l’émission soit arrêtée. C’est ainsi que les auditeurs de la radio sont sevrés ce mardi après moins d’une heure d’écoute de cette émission qui captive toute la ville de 19h à 20h45.
C’est devenu répétitif pour ce préfet qui vertement n’hésite pas à dire du mal de la radio courtoisie à qui veut l’entendre du fait de la liberté d’expression qui permet à cette radio de s’exprimer, mais toujours avec responsabilité.
Selon les informations en 2022, il avait fait dépêcher des corps habillés pour empêcher la tenue d’une émission relative à la grève d’un syndicat d’enseignants que ses membres devraient animer. La même scène s’était produite quelques années plus tôt. C’est donc dire qu’il ne comprend que ce langage, celui de l’intimidation et de la force.
Apparemment, le préfet de Tône a dû oublier qu’il existe au Togo, une instance de régulation des médias, en l’occurrence la HAAC, qui est la seule instance de régulation de médias habilitée à interdire la tenue d’une émission après analyse minutieuse et un monitoring.
Pourquoi monsieur le préfet veut-il restreindre la liberté de parole et d’expression dans la zone dont il a la charge ? Pense-il servir les intérêts supérieurs de la nation ? Qu’il ne s’abuse. Par cette attitude, il n’a surement pas compris qu’il sape la politique du chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé qui a fait de la liberté d’expression une réalité dans notre pays et un fait que nombre de pays envient au Togo.
Il faut préciser que les débats sont houleux avec des positions divergentes sur les radios de Lomé la capitale sans qu’il n’y ait de grabuge. Nombre d’autorités sont critiquées sans piper mot. L’on peut dire avec une petite marge d’erreur que si le préfet de Tône était à la place des autorités de la capitale, la majorité de ces émissions n’existeraient plus.
Ces couacs entre préfets et hommes de médias sont récurrents à l’intérieur du pays ou plusieurs représentants du pouvoir central se prennent pour des empereurs, voire des demi-dieux disposant du droit de permettre l’existence de tel ou tel média.
C’est plus que jamais l’heure pour la HAAC, de prendre le taureau par les cornes et rappeler aux préfets via leur ministère de tutelle les relations de convivialité à entretenir avec les médias et comment s’y prendre en cas de dérapage.
Pour l’heure, à en croire des témoignages venant de l’intérieur du pays, plusieurs médias sont sous coupes réglées dans plusieurs localités et continuent d’exister avec une épée de Damoclès sur la tête.
Nankanisso Abel