La récente interférence du préfet de Tône dans le monde des médias interrompant une émission en cours de diffusion n’a visiblement pas été du goût des plus hautes autorités et principalement de son ministre de tutelle. En effet, dans une note à l’endroit des préfets, le ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la chefferie coutumière, Col Awaté Hodabalo, a rappelé ces derniers au respect des textes régissant la régulation des médias en vigueur au Togo.
Selon la note de l’autorité adressée datée du 27 novembre 2024 dont copie a été faite aux gouverneurs, le ministre Awaté Hodabalo a rappelé à l’attention des préfets que la régulation des médias en République Togolaise relève de la seule compétence de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC). « Aucune autre institution de l’Etat ou autorité administrative ne peut exercer ainsi des prérogatives dévolues à la HAAC, conformément aux dispositions de la loi n°2020-001 du 07 janvier 2020 relative au code de la presse et de la communication, et de la loi organique n° 221-031 du 06 décembre 2021 relative à la HAAC », fait observer le ministre.
Cette mise au point intervient après un rapport de la HAAC dressé à l’attention du ministre Awaté et qui révèle que des autorités administratives représentant le pouvoir central notamment les préfets, se permettent de faire interférence dans les prérogatives qui ne sont pas les leurs en matière de fonctionnement des organes de presse régulièrement installés et exploités dans leurs localités.
Au vu de ce qui précède, afin non seulement de préserver la liberté d’expression et de presse, gage du bon fonctionnement de la démocratie, et l’image positive du Togo sur le plan international, mais également d’éviter des interférences inappropriées dans les prérogatives dévolues à la HAAC, le ministre Awaté Hodabalo demande aux préfets en cas de manquements constatés dans le fonctionnement des organes de presse régulièrement installés et exploités dans leurs localités, de saisir par téléphone, le président ou un membre de la HAAC pour la suite appropriée à donner.
Cette mise au point idoine du ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la chefferie coutumière vient à point nommé recadrer certains préfets qui brillaient depuis quelques années par un zèle outrancier et amer se donnant le droit d’interdire « par ignorance des prérogatives dévolues à la HAAC », telle ou telle émission au gré de leurs humeurs et de leur compréhension de la chose.
C’est un secret de polichinelle que certains préfets à l’intérieur du pays se prennent pour des roitelets, voire des potentats, et qui font régner la terreur au sein des radios exerçant dans leurs localités, tout en outrepassant la limite d’exercice de leurs pouvoirs.
Précisons que le dernier acte en date fait référence au préfet de Tône, Yendoukoua Douti Tchimbiandja qui s’était illustré maladroitement le 22 octobre dernier en intimant l’ordre à la responsable de la radio Courtoisie émettant dans la ville de Dapaong de faire arrêter manu militari l’émission « 7 jours ici » en cours de diffusion et animée par son animateur Mohammed Koudoungou.
C’est donc ici le lieu de féliciter le ministre Awaté Hodabalo pour cette prompte réaction proactive qui vient rétablir l’ordre, de même que le président de la HAAC pour avoir défendu la cause des médias de l’intérieur qui n’en pouvaient plus de ployer sous le diktat de certains préfets.
L.P.