Le 15 février 2025 marquera une étape historique dans la vie politique du Togo avec l’organisation des premières élections sénatoriales du pays. Ce scrutin permettra la mise en place d’une seconde chambre au Parlement togolais, le Sénat, qui viendra compléter l’Assemblée nationale dans la gestion législative du pays. L’Institut Tamberma pour la Gouvernance éclaire les enjeux de cette élection et les défis qui attendent les nouveaux sénateurs.
Le Sénat, nouvelle institution parlementaire au Togo, sera composé de 61 membres. Parmi eux, 41 seront élus par les conseillers municipaux et régionaux, tandis que 20 autres seront nommés par le Président de la République et le Président du Conseil des ministres. Cette configuration, prévue par l’ordonnance n°2024-001 PR, vise à établir un équilibre entre les élus locaux et le pouvoir exécutif dans la représentation nationale.
Les élections sénatoriales, réparties dans les 39 circonscriptions électorales du pays, se dérouleront sous le regard des grands électeurs, c’est-à-dire les 1 527 conseillers municipaux et 179 conseillers régionaux. Ces derniers auront la responsabilité d’élire les sénateurs au scrutin uninominal majoritaire à un tour. Le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix sera proclamé élu. En cas d’égalité, le candidat le plus âgé prendra la victoire, selon l’article 5 de l’ordonnance n°2024-001 PR.
Les candidats, qu’ils soient issus de partis politiques ou indépendants, doivent remplir certaines conditions strictes pour participer à ce scrutin. Ils doivent être de nationalité togolaise, avoir au moins 35 ans, jouir de leurs droits civils et politiques, résider au Togo depuis au moins six mois, et maîtriser la langue officielle. Cette rigueur dans les critères de candidature vise à garantir la qualité et l’engagement des futurs sénateurs dans leurs rôles et responsabilités.
Les élections sénatoriales, bien que se déroulant au suffrage indirect, n’excluent pas complètement les citoyens lambda de la dynamique électorale. En effet, bien qu’ils ne puissent voter directement, les citoyens peuvent s’impliquer en observant les opérations de vote en tant qu’observateurs citoyens à travers des organisations de la société civile accréditées. Ils peuvent également jouer un rôle dans les campagnes électorales en se renseignant sur les projets des candidats et en influençant les élus locaux via des actions de plaidoyer.
L’un des défis majeurs auxquels seront confrontés les nouveaux sénateurs sera l’élection d’un Président de la République en congrès avec les députés, conformément à l’article 35 de la Constitution. De plus, ils auront la responsabilité de proposer et de voter des lois, en complémentarité avec l’Assemblée nationale. Ce bicaméralisme vise à renforcer la démocratie et la bonne gouvernance dans le pays. Les sénateurs devront également défendre les intérêts des collectivités territoriales et veiller à la décentralisation et au développement des territoires.
Les sénateurs auront un mandat de six ans, renouvelable, au cours duquel ils se réuniront deux fois par an, en avril et en octobre, pour examiner et adopter des propositions de lois, y compris la loi des finances. Le Sénat, bien que subordonné à l’Assemblée nationale en matière législative, jouera nous dit-on, un rôle dans la consolidation du cadre juridique et institutionnel du Togo.