La corruption ne se contente pas de freiner le développement économique du pays, elle nuit également à la qualité des services publics et creuse les inégalités sociales, en affectant en premier lieu les populations les plus vulnérables. Le dernier rapport de Transparency International, publié le 11 février 2025, dresse un tableau inquiétant pour le Togo en matière de lutte contre la corruption. Ce classement reflète la persistance des pratiques de corruption à différents niveaux, que ce soit dans les institutions publiques, les marchés publics ou encore les interactions entre les citoyens et l’administration. Il y est dressé une situation préoccupante pour le Togo, où la corruption continue de sévir et d’entraver le développement économique et social du pays. Avec un score de 32 points sur 100 dans l’Indice de Perception de la Corruption (IPC), le Togo se classe à la 121ème place sur 180 pays, un résultat qui révèle la profondeur du problème.
Des répercussions majeures
Le rapport dénonce les effets dévastateurs de la corruption sur la démocratie et la stabilité du pays. Selon Transparency International, la persistance de ce fléau affaiblit les institutions publiques et érode la confiance des citoyens. Le régime de Faure Gnassingbé est pointé du doigt pour son manque de réformes concrètes dans la lutte contre la corruption. Malgré les engagements pris par les autorités, les résultats tardent à se faire sentir sur le terrain, et les citoyens en subissent les conséquences au quotidien.
Le rapport en question pointe du doigt les scandales financiers à répétition, notamment celui concernant la gestion des fonds alloués à la Covid-19, qui ont créé du tollé en leur temps. L’absence de mesures sévères contre les responsables de ces détournements renforce l’impunité au sein de l’administration publique selon le rapport.
La HAPLUCIA remise en question
Créée pour superviser la lutte contre la corruption, la Haute Autorité de Prévention et de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HAPLUCIA) est jugée inefficace par plusieurs observateurs. Bien que son mandat soit de veiller à la transparence et à la bonne gestion des ressources publiques, elle peine à montrer des résultats tangibles, ceci du fait de ses textes juridique fondateurs qui la cantonnent à un simple rôle de sensibilisation. Les Togolais, de plus en plus désabusés, remettent en cause son indépendance et son rôle dans la restauration de la confiance envers les institutions.
Eviter l’effondrement de la gouvernance
Le rapport de Transparency International alerte sur les dangers que représente la corruption pour la gouvernance et la stabilité du pays. Tant que des réformes structurelles sérieuses ne seront pas mises en place, les fondements de la démocratie togolaise resteront fragiles, à en croire l’institution. L’ONG recommande des actions fermes, notamment le renforcement des institutions de contrôle, la mise en place de mécanismes de transparence dans la gestion des affaires publiques, et des sanctions exemplaires contre les corrompus.
Ce constat est d’autant plus préoccupant que plusieurs autres pays d’Afrique de l’Ouest ont montré des progrès dans la lutte contre la corruption, tandis que le Togo semble stagner. Précisons que le Togo est 27ème sur les 54 pays africains. Il est impératif de prendre des mesures décisives pour changer la donne, sans quoi le risque d’effondrement de la confiance citoyenne et la fragilisation du système démocratique deviendront encore plus importants. Mais une question émerge : qui sont sur le banc des accusés ?
Si le gouvernement est principalement critiqué, Transparency International rappelle que la lutte contre la corruption doit également impliquer les citoyens, la société civile, les journalistes et les partenaires internationaux. La promotion d’une culture de la transparence et de la reddition des comptes est essentielle pour inverser la tendance.
Le rapport 2025 est un appel à l’urgence. Il souligne qu’au-delà des indicateurs et des classements, c’est la qualité de vie des Togolais qui est directement affectée. Le pays ne peut prétendre à un développement durable tant que la corruption demeure une norme tolérée.