Au Togo, l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI) hausse le ton contre la nouvelle configuration politique du pays et critique avec fermeté l’élection de Jean-Lucien Savi de Tové à la présidence de la République. Seul candidat en lice, l’ancien ministre de Faure Gnassingbé a été élu à l’unanimité des 150 membres du Congrès, rassemblant l’Assemblée nationale et le Sénat. Pour le parti dirigé par le professeur Aimé Gogué, cette élection sans opposition n’est qu’une manœuvre visant à légitimer une Ve République imposée sans véritable consensus.
Depuis le 3 mai 2025, le Togo est officiellement entré dans la Ve République, régie par la Constitution du 6 mai 2024 qui a profondément transformé le régime politique en instaurant un système parlementaire. Désormais, l’essentiel du pouvoir exécutif est concentré entre les mains du président du Conseil des ministres, une fonction désormais occupée par Faure Gnassingbé, tandis que le chef de l’État, élu au suffrage indirect par les élus, est relégué à un rôle essentiellement honorifique.
Face à cette mutation institutionnelle majeure, l’ADDI a rendu publique une déclaration intitulée « ADDI ne s’associera pas à la farce politique de ce 3 mai 2025 ». Le parti y exprime son rejet catégorique de ce nouveau système, dénonçant une « forfaiture » qui, selon lui, replonge le pays dans une ère de pouvoir sans partage.
« ADDI ne s’associera pas à cette forfaiture, il continuera à porter haut et fort son opposition jusqu’à l’aboutissement d’un nouveau processus consensuel de restauration de la vraie démocratie », affirme la déclaration.
Le parti pointe également du doigt l’organisation unilatérale du Congrès, convoqué sans consultation préalable avec les forces politiques nationales. Dans un contexte politique de plus en plus tendu, l’ADDI dénonce une volonté manifeste du pouvoir en place, dirigé par l’Union pour la République (UNIR), de verrouiller davantage la vie politique.
« La désignation de Faure Gnassingbé à la tête du Conseil des ministres confirme la volonté manifeste du système UNIR de maintenir le Togo dans une éternelle crise politique, économique et sociale », a écrit le professeur Aimé Gogué.
Cette dénonciation s’inscrit dans la continuité des critiques que l’ADDI, aux côtés d’autres partis d’opposition, n’a cessé de formuler depuis l’adoption controversée de la nouvelle Constitution en avril 2024. À l’époque déjà, l’ADDI réclamait le retrait pur et simple du texte, craignant qu’il n’offre à Faure Gnassingbé la possibilité de se maintenir indéfiniment au pouvoir sans passer par le suffrage direct.