C’est une petite révolution dans les usages de la haute administration togolaise. Par une lettre circulaire datée du 23 mai 2025, le ministre de l’Économie et des Finances, Essowè Georges Barcola, a mis fin à une pratique longtemps critiquée : la prise en charge par le Trésor public des factures d’eau et d’électricité des ministres pour leurs résidences personnelles ou privées.
« Il a été décidé de mettre un terme à la prise en charge par le Trésor public des factures d’eau et d’électricité relatives aux résidences personnelles ou privées des Ministres », écrit le ministre Barcola dans sa note adressée à ses collègues.
Il justifie cette décision par le souci de « renforcer l’équité et la responsabilité dans la gestion des ressources publiques, en alignement avec les principes de bonne gouvernance, de sobriété de l’État et d’exemplarité attendue des hauts responsables publics. »
Cette mesure s’inscrit dans le cadre plus large de la réforme de la gouvernance publique lancée depuis l’installation du premier gouvernement de la Ve République, en avril dernier. Pour le ministre, il s’agit de rationaliser les charges supportées par le budget de l’État et d’incarner la volonté d’un pouvoir plus responsable et moins dispendieux.
« Le Trésor public prendra toutes les dispositions avec la Compagnie Énergie Électrique du Togo (CEET) ainsi qu’avec la Togolaise des Eaux (TdE) afin de permettre aux intéressés de s’acquitter personnellement de leurs consommations d’eau et d’électricité à usage domestique, à compter du 15 mai 2025 », précise-t-il.
Cette décision paraît comme un début de rééquilibrage dans un pays où les inégalités d’accès aux services de base restent criantes. Avec la récente augmentation des tarifs d’électricité, la pression sur les ménages togolais s’est accrue. Beaucoup peinent à régler leurs factures mensuelles, pendant que certaines élites bénéficiaient jusque-là d’un confort payé par l’argent public.
La mesure vise ainsi à répondre à une exigence d’équité, dans un contexte socio-économique où les appels à une meilleure gouvernance et à une réduction du train de vie de l’État se font de plus en plus pressants. Le gouvernement togolais, en quête de crédibilité et de cohérence dans ses discours de réformes, se devait d’envoyer un signal fort. Celui d’une rigueur partagée, d’une exemplarité assumée par ceux-là mêmes qui en sont les promoteurs.
Reste à savoir si cette mesure ne sera pas contournée par d’autres mécanismes de compensation invisibles ou si elle marquera véritablement un tournant dans la manière de gérer les privilèges au sommet de l’État. Mais pour l’instant, c’est une décision qui va dans le sens d’une plus grande responsabilité dans la gestion des deniers publics.