Le Nouvel Engagement Togolais (NET), autrefois perçu comme un souffle nouveau dans le paysage politique togolais, traverse l’une des périodes les plus sombres de son existence. Depuis le retrait de son fondateur charismatique Gerry Taama, le parti vacille, tiraillé entre luttes internes, querelles de leadership et démissions en cascade. Le parti, jadis structuré et dynamique, semble aujourd’hui en perte de repères, pris au piège d’une guerre de tranchées qui l’affaiblit chaque jour davantage.
Le successeur de Taama, Jules Amim, peine à imposer son autorité et à restaurer la cohésion interne. Au lieu d’une transition maîtrisée, son arrivée à la tête du NET a ouvert la boîte de Pandore. « Rien ne va au NET », lâche un ancien cadre du parti, comme pour résumer le sentiment général. Le malaise est palpable. Et les fissures se sont élargies à la faveur d’un épisode qui a profondément choqué les militants : l’organisation parallèle de deux congrès par deux factions rivales du même parti, à la même date.
Magloire Attoh Mensah, l’un des visages de la première génération du NET, a claqué la porte. Il accuse non seulement la direction actuelle d’avoir rompu avec l’idéologie fondatrice du parti, mais pointe également du doigt l’attitude ambiguë des autorités.
« Le gouvernement a laissé faire, alors qu’il a interdit ce genre de situations à l’UFC, au CAR ou au FDR », déplore-t-il.
À ses yeux, la reconnaissance officielle d’un bureau issu d’un congrès controversé a scellé la fin de l’esprit initial du NET.
« C’est un changement radical. Je ne me reconnais plus dans cette ligne politique. Je préfère me retirer pour réfléchir à mon avenir politique », confie-t-il avec amertume.
Dans les rangs, les départs s’enchaînent. Cyrille Codjia Dossou, autre figure emblématique du parti, a lui aussi jeté l’éponge dans une lettre sobre, mais explicite : « Après mûre réflexion, j’estime que mes convictions personnelles et mes aspirations ne sont plus en adéquation avec la ligne actuelle que prend le parti. »
Même son de cloche chez Alassani Amadou Rabiou, jusqu’ici chargé de communication du NET, qui dénonce « des dysfonctionnements graves, des désaccords profonds et des violations des textes ». Il évoque notamment la nomination jugée unilatérale du nouveau secrétaire général par le président Amim, en dehors des procédures statutaires.
Mais face à cette avalanche de critiques et de démissions, le président du parti tente de garder le cap. Interrogé par nos confrères d’Alerte24, Jules Amim se montre stoïque : « Je n’ai jamais reçu de lettre de démission émanant d’eux. » Une déclaration qui contraste fortement avec les documents publiquement diffusés et les témoignages recueillis auprès des démissionnaires.
La crise qui secoue le NET illustre une réalité plus large : celle d’un paysage politique togolais où les partis nés dans l’ombre de figures fortes peinent à se réinventer une fois celles-ci retirées. Le cas du NET fait écho à d’autres formations comme l’UFC ou le CAR, elles aussi confrontées à des batailles intestines après le départ ou l’effacement de leurs leaders historiques.
Pour l’heure, l’avenir du NET reste flou. Le parti survivra-t-il à cette tourmente ? Jules Amim pourra-t-il incarner un nouveau souffle ou sera-t-il le témoin impuissant d’un naufrage annoncé ? Une chose est sûre : à quelques mois des prochaines batailles électorales, le NET, en quête de boussole, joue désormais sa survie sur l’échiquier politique national.