Réuni en session ce lundi 26 mai 2025, le Cadre Permanent de Concertation (CPC), sous la présidence de Me Tchassona Traoré, a tiré la sonnette d’alarme sur plusieurs points jugés critiques dans le processus menant aux élections municipales prévues le 10 juillet prochain. À l’issue de cette 21e réunion de la deuxième session de l’année, le président du CPC a livré à la presse une déclaration dans laquelle il est revenu sur les préoccupations exprimées par les partis politiques présents.
« Il était question de faire le point sur les activités en cours sur les élections locales qui auront lieu très prochainement », a-t-il déclaré, avant de préciser que « l’ensemble des partis politiques ont pu relever les difficultés qu’ils rencontrent sur le terrain ».
Au cœur des échanges, la question du renouvellement des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), souvent jugée trop politisée et contestée pour son manque de neutralité. « Nous profitons pour interpeller le président de l’Assemblée nationale afin qu’il déroule le processus de renouvellement des membres de la CENI », a insisté Me Tchassona Traoré, soulignant que cette étape est cruciale pour garantir la crédibilité du scrutin.
Autre sujet de discorde : le décret pris le 21 mai 2025 augmentant le nombre de conseillers municipaux, désormais fixé à 1663 contre 1527 auparavant, répartis sur les 117 communes du pays. Si le gouvernement évoque une volonté d’adaptation aux réalités démographiques, cette mesure suscite de vives réactions au sein de l’opposition. « Certains estiment que le processus électoral a démarré et aucun changement ne devrait plus intervenir. Le décret complique l’activité des partis sur le terrain », a expliqué le président du CPC. Certains partis vont plus loin, appelant au report pur et simple des municipales si le décret reste en l’état, tandis que d’autres proposent qu’il ne soit appliqué qu’aux prochaines échéances électorales, laissant le scrutin de juillet se dérouler selon les dispositions de 2019.
Dans le même esprit de vigilance, le CPC s’est penché sur la date butoir du dépôt des dossiers de candidatures, actuellement fixée au jeudi 29 mai 2025. Problème : cette date coïncide avec un jour férié important pour les catholiques. En outre, « certains candidats courent toujours dans les mairies pour la constitution de leur dossier », a rappelé Me Tchassona, justifiant ainsi une « exhortation […] faite pour un report de la date de dépôt des dossiers ».
Le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Chefferie coutumière, présent à la rencontre, a promis de transmettre ces revendications au président du conseil pour examen. Mais sur le terrain, les inquiétudes persistent. La Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), coalition de partis d’opposition, a qualifié ces évolutions de « manœuvres antidémocratiques » et exigé un report d’au moins six mois du scrutin.
Dans un contexte marqué par une transition institutionnelle importante, avec l’entrée dans la Ve République et l’installation d’un régime parlementaire, les élections municipales à venir constituent un test de crédibilité démocratique. Le Togo joue gros : à quelques semaines du scrutin, c’est désormais à l’État de rassurer l’ensemble des acteurs politiques et la population sur la transparence et la stabilité du processus électoral.