Lettre Ouverte à Monsieur le Président du Conseil… Par Roger Amemavoh
Affaire Aamron : trois décisions urgentes avant qu’il ne soit trop tard. Deux semaines après l’arrestation du 26 mai, où des hommes armés ont interpellé l’artiste Aamron sans convocation préalable ni mandat d’arrêt, son internement psychiatrique soulève de sérieuses interrogations malgré la récente vidéo publiée sur le compte de l’intéressé. Cette affaire, ayant entraîné de vives contestations ces dernières semaines, pourrait transformer le pays en déflagration sociale.
Monsieur le Président du Conseil,
Les Togolais ne réagissent pas seulement à un cas individuel, mais à un système où les critiques sont étouffées tandis que les détournements de milliards FCFA censés garantir l’épanouissement de la population togolaise restent impunis. Comment expliquer cette célérité dans la répression d’un chanteur contestataire, alors que les rapports de la Cour des Comptes, de l’IGE et de Transparency International (pour ne citer que ceux-là…) révèlent des scandales économiques majeurs, sans aboutir à aucune interpellation en près de dix ans d’existence de HAPLUCIA ?
Face à cette crise, conscient que la répression ne saurait taire durablement la colère d’un peuple qui subit de plein fouet les conséquences de la corruption et des détournements de fonds publics, je prends la parole comme journaliste, mais surtout comme citoyen épris des valeurs républicaines, et vous propose 3 ACTES D’URGENCE pour éviter l’embrasement social :
ACTE 1 : TRANSPARENCE TOTALE SUR LE DOSSIER D’AAMRON
- Publication d’un certificat médical indépendant, signé et daté, pour éclairer l’opinion.
- Accès sans restriction de la famille et des avocats à Aamron.
- Communication officielle précisant les charges réelles et les motifs exacts de son arrestation.
🔹 Un État qui se veut démocratique ne peut justifier une détention sans transparence.
ACTE 2 : JUSTICE ÉQUILIBRÉE ET NON SÉLECTIVE
- Ouverture d’enquêtes et interpellation des responsables présumés des détournements des 20 dernières années, afin de prouver que la lutte contre l’impunité au Togo est vraie et réelle.
- Un État juste est un État qui applique la loi sans distinction de statut ou d’influence.
🔹 Comment comprendre que l’arrestation d’un artiste critique qui décrit les urgences socio-économiques de manière quoique discutable mobilise autant d’hommes armés en si peu de temps, alors que la minorité qui s’accapare les richesses de la majorité (dont vous nous aviez parlé depuis 2012) n’est toujours pas inquiétée ?
ACTE 3 : DÉSAMORÇAGE DE LA TENSION SOCIALE
- Libération d’Aamron, de la sage-femme Bikoni Koumayi, du Dr HOUNOU-ADOSSI, du créateur de contenu Gildas Kounde, de l’étudiant Bertin Bandiangou, du “coiffeur des stars” ainsi que des dizaines de personnes arrêtées lors des manifestations du 6 juin.
- Libération des autres détenus en situation similaire avant l’affaire AAMRON, dont les blogueurs/activistes Affectio et Omolu, pour éviter une cristallisation politique.
- Signal urgent et sincère prouvant que l’État écoute les revendications légitimes plus qu’il ne réprime.
- Ouverture d’un dialogue national sur les vrais problèmes : vie chère, corruption, détournements de fonds, liberté d’expression, justice inéquitable.
🔹 Les Togolais ne veulent pas seulement des discours, ils veulent des actes.
Monsieur le Président du Conseil,
Votre héritage et votre responsabilité se jouent dans les jours et semaines à venir. Ce pays traverse une période de fragilité extrême où chaque décision politique peut influencer durablement la stabilité nationale.
Les Togolais attendent des réponses. Les Togolais attendent votre réaction. Un discours à la nation particulièrement à la jeunesse serait un premier pas salvateur.
🔸 Libérez Aamron et toutes les personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire.
🔸 Libérez les détenus en situation similaire avant l’affaire AAMRON.
🔸 Interpellez les détourneurs de fonds publics pour améliorer le quotidien des Togolais (eau, électricité, salaires…).
Le peuple retient son souffle. Il est temps d’agir.
Roger Amemavoh