Ce 13 juin 2025, le Togo s’est joint à la communauté internationale pour célébrer la 11ᵉ Journée internationale de sensibilisation à l’albinisme, autour du thème : « Faisons valoir nos droits : protéger notre peau, préserver nos vies ». Une occasion pour l’Association nationale des personnes atteintes d’albinisme au Togo (ANAT) d’attirer l’attention sur les défis sanitaires et sociaux majeurs auxquels les personnes atteintes d’albinisme (PAA) sont confrontées.
Au cours d’une conférence de presse, le président de l’ANAT, Boukari Abdou Djerima Abdoul Nassirou, a exprimé son inquiétude face au manque de reconnaissance de l’albinisme dans les politiques publiques : « Le 13 juin est une date symbolique pour nous. Le thème de cette année insiste sur la santé. Nous voulons sensibiliser nos membres aux précautions solaires, mais aussi interpeller les autorités sur l’urgence d’agir ».

En Afrique, les PAA sont particulièrement vulnérables aux cancers de la peau, aggravés par l’exposition directe au soleil et l’absence de moyens de protection. Une situation confirmée par les résultats d’une vaste campagne dermatologique menée entre novembre et décembre 2024 par la Société Togolaise de Dermatologie (SOTODERM), avec l’appui de la Fondation Pierre Fabre.

Sur 514 PAA consultées, 58,56 % présentaient des lésions précancéreuses, contre 60,93 % l’année précédente. Une étude du Centre Africain de Recherche en Épidémiologie et Santé Publique en 2024 a également révélé que plus de 70 % des PAA au Togo exercent des activités les exposant directement au soleil.
Faute de programme gouvernemental structuré, l’ANAT assure seule les actions de prévention : consultations gratuites, distribution de crèmes solaires, chapeaux à larges bords, lunettes, et formation à la protection solaire.
« Grâce à nos partenaires, nous distribuons gratuitement des crèmes solaires à nos membres. Toutefois, il est regrettable que ces actions soient exclusivement menées par la société civile », a regretté Boukari.

Le Dr Kodjo Zankpé, dermatologue et chargé de projet à la SOTODERM, insiste sur l’importance d’un suivi médical régulier : « Chaque PAA devrait effectuer au moins une consultation dermatologique par an. En cas de lésions graves, les chirurgies sont prises en charge gratuitement dans les centres régionaux et au CHU Sylvanus Olympio ».
L’ANAT appelle l’État togolais à adopter un plan d’action national pour l’albinisme et à intégrer pleinement les PAA dans les politiques de santé, d’éducation, d’emploi et de protection sociale. Elle en appelle aussi aux agences des Nations Unies pour inclure davantage cette problématique dans leurs programmes au Togo.
« Les défis sont nombreux, mais ils ne sont pas insurmontables. Nous avons besoin d’un engagement fort de l’État et d’une mobilisation accrue des médias pour intensifier la sensibilisation », a plaidé Souradji Ouro-Yondou, directeur exécutif de l’ONG.

Créée en 2012, l’ANAT intervient dans les cinq régions du pays. Elle accompagne aujourd’hui plus de 900 bénéficiaires, œuvrant à leur santé, leur éducation et leur inclusion socioprofessionnelle.