Augmentation de frais de péages : la pilule est dure à avaler pour les Togolais

Dorénavant, les Togolais doivent payer un peu plus de droits d’usage routiers que ce qui était appliqué auparavant. La mesure annoncée depuis fin 2020, planait comme une menace sur la tête des Togolais au revenu misérable, déjà accablés par la cherté de la vie, et une gouvernance sociale décriée par une frange de la population. Quand la crise du Covid-19 a complètement dépossédé le Togolais comme la plupart ailleurs dans le monde, la politique économique ne se montre pourtant pas compatissante cette fois-ci.

 

Depuis quelques jours, les frais de péages sont plus salés au Togo. La nouvelle configuration des droits d’usage routiers est établie comme suit:

Motos 2 roues : 50 FCFA ; Tricycles : 100 FCFA ; Véhicules légers : 500 FCFA ; Minibus de 9 à 15 places : 600 FCFA ; Autocars/ Bus : 1500 FCFA ; Poids à lourds à 2 essieux : 2 500 FCFA ; Poids lourds à 3 essieux : 3 000 FCFA ; Poids lourds à 4 essieux : 3 500 FCFA.

Pour le gouvernement, c’est plus qu’une nécessité : « Chaque année, le besoin de financement pour l’entretien régulier des routes revêtues, non revêtues s’élève à environ 30 milliards de francs CFA », alors que « les ressources budgétaires totales mobilisées, se situent en moyenne autour de 17 milliards de francs CFA par an » apprend-on des communications officielles qui précisent qu’Il y a donc quelque 13 milliards FCFA à combler. D’où le besoin de saigner davantage les poches des citoyens jusqu’au petit zémidjan.

Au-delà du contexte de pandémie dans lequel cette taxe qui vient s’ajouter à une kyrielle d’autres frais comme la taxe de véhicules à moteur et les taxes communales ; il faut relever le manque de dispositions pratiques pour du moins alléger le poids des frais sur les conducteurs de taxi motos appelés à traverser plusieurs fois dans la journée certains postes de péages, alors que l’impact de leur engin sur l’amortissement de la route testé est très négligeable.

« Personnellement, je crois qu’il faut supprimer les frais de péage aux motocyclistes. Beaucoup de zém autour des péages font de multitudes navettes. Au pire des cas, prévoir des abonnements hebdomadaires et mensuels. De toutes les façons, ces frais créent trop de problèmes sans en régler aucun. Les 50f-là vont cotiser combien même pour régler les problèmes routiers ? Sans compter qu’en période de covid-19, c’est plutôt le gouvernement qui doit aider les personnes nécessiteuses », avait relevé le député Gerry Taama qui donnait ainsi le ton à plusieurs autres vagues d’indignations dans la société civile.

Selon la Ligue Togolaise des Consommateurs (LTDH), « l’acte du gouvernement n’est rien d’autre qu’un mépris qui enfonce de plus les consommateurs dans une précarité. Les organisations de consommateurs n’ont pas été consultées avant cette décision ».

Au lendemain de la mise en application de la décision gouvernementale, il y a eu un léger mouvement d’humeur à Kpélé-Adeta. Les conducteurs de taxi motos dans cette ville à 30 km de Kpalimé, ont tenu à manifester leur désarroi. Mais, cette manifestation a été rapidement étouffée par les forces de l’ordre, même si ces manifestations de colère citoyenne restent tout à fait logiques et compréhensibles.

C’est quand même ahurissant que l’Etat se déploie à calculer les besoins de financement pour l’entretien routier, alors qu’il n’y a jamais eu de communication pour faire la transparence à propos de comment sont gérés les frais routiers collectés au niveau de la Société Autonome de Financement de l’Entretien Routier (SAFER). Dans un pays où les millions et les milliards disparaissent des caisses publiques sans coupables, à la grande indifférence du gouvernement, comment veut-on tenir informé le pauvre citoyen des insuffisances budgétaires ?

Pourquoi le gouvernement s’évertue à faire des comptes quand l’argent est insuffisant, mais ne se sent pas redevable quand les caisses publiques sont pillées sans scrupules ?

Une attitude qui laisse déduire que nous ne sommes citoyens que quand il faut financer l’action publique et le bien-être de ‘’la minorité pilleuse’’ selon les termes du chef de l’État Faure Gnassingbé. Mais quand nous réclamons que l’article 145 de la constitution togolaise soit respecté et que les autorités, le chef de l’État en premier, déclarent leurs biens, nous sommes confrontés à un silence de mépris.

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