Blitta : les régions des Plateaux et de la Centrale outillées pour mieux gérer leurs finances locales

Sous les hauts plafonds du Centre International de Conférences de Blitta (CICB), au cœur du Togo, souffle depuis lundi 19 mai 2025 un vent de réforme et de montée en compétence. Après la Maritime, la Savane et la Kara, c’est au tour des élus et agents régionaux des Plateaux et de la Centrale de se plonger dans les arcanes des finances publiques locales. Une session de formation dense, portée par l’Agence nationale de formation des collectivités territoriales (ANFCT), avec l’appui financier du programme ProMAD, dans un Togo qui muscle sa décentralisation.

L’ambiance est studieuse et la portée historique du moment, pleinement assumée. Depuis l’élection des tout premiers conseillers régionaux le 29 avril 2024, puis leur installation officielle en janvier dernier, le pays est engagé dans un tournant majeur de sa gouvernance territoriale. Mais pour que les ambitions de la décentralisation ne restent pas lettre morte, encore faut-il que les institutions locales disposent d’acteurs formés, outillés, aguerris. « La décentralisation sans capacité est une illusion de développement », a martelé dans son discours d’ouverture le préfet de Tchaoudjo, également gouverneur par intérim de la région des Plateaux.

Face à une assistance composée de présidents de conseils régionaux, de secrétaires généraux, de cadres techniques et financiers des nouvelles collectivités, le gouverneur a salué les efforts des uns et des autres, pour « leurs considérables efforts en faveur de la décentralisation et du développement des territoires ». Et pour cause : le chantier est immense, les attentes nombreuses, et les défis de taille. Le préfet a rappelé que cette session, première d’une série de trois, vise à poser les bases d’une gestion saine, transparente et rigoureuse des finances publiques locales. À suivre dans les prochaines semaines : deux autres modules sur « l’exercice de la tutelle » et « la commande publique ».

Pendant quatre jours, les participants vont explorer les subtilités des textes encadrant les finances locales, la composition du budget régional, les mécanismes de planification budgétaire, et les sources de financement accessibles aux nouvelles régions. Autant d’outils pour, à terme, leur permettre de prendre efficacement en main le pilotage de leurs territoires.

Du côté de l’ANFCT, l’objectif est clair. « La décentralisation est un pilier fondamental du développement durable de nos territoires », a insisté le directeur général de l’agence. « Mais pour qu’elle tienne ses promesses, encore faut-il que les collectivités disposent des capacités nécessaires pour élaborer leurs documents budgétaires et gérer efficacement les ressources publiques qui leur sont confiées. » D’où la nécessité de cette session, qui ambitionne de renforcer à la fois les savoirs, les savoir-faire, mais aussi le savoir-être des acteurs régionaux.

Le choix de Blitta n’est pas anodin. Enclavée entre les deux régions concernées, la ville devient le temps de ces ateliers un carrefour symbolique de la réforme territoriale togolaise. Elle incarne la volonté de faire de la décentralisation un levier de proximité et de performance publique, même loin des capitales régionales.

Dans les couloirs du CICB, entre deux modules, les discussions vont bon train sur les marges de manœuvre financières des nouvelles régions, les attentes vis-à-vis du ministère de l’Administration territoriale, ou encore la nécessité de coopération interrégionale. « Ce que nous faisons ici, c’est bâtir les fondations d’un nouveau pacte entre l’État et les territoires », glisse un participant. « Et cela commence par savoir où va l’argent, comment on le lève, et surtout comment on l’utilise. »

À l’heure où les finances locales sont au centre des préoccupations – entre exigences de transparence, attentes des populations et objectifs de développement durable –, le pari de la formation permanente semble plus que jamais une réponse adaptée. Un investissement dans les hommes et les femmes qui porteront demain, à l’échelle régionale, la charge de bâtir un Togo plus proche de ses citoyens.

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