Au Togo, entre 2010 et 2018, la part du budget national accordé à l’eau et à l’assainissement n’a jamais atteint les 5% (Étude Délégation de l’Union Européenne au Togo, 2018). En 2020, cette part est de 2%, affirme Flamay Ahiafor, Coordonnateur du Parlement National des Jeunes pour l’Environnement (PNJE). Et pourtant, selon les engagements pris en 2005 par les pays africains à Ngor (Sénégal), les États dont le Togo ont résolu de consacrer au moins 5% de leur budget annuel à l’hygiène et à l’assainissement.
Selon l’expert togolais en eau et assainissement, ce budget est en deçà des engagements internationaux qui ont été pris par le pays et qui stipulent qu’il faut au moins 5% du budget à ce secteur.
Il existe selon lui, plusieurs pistes aujourd’hui pour permettre de renflouer les caisses des États dans le secteur de l’eau. Entre autres, on peut, rendre effectifs les principes de « pollueur-payeur » et de « préleveur-payeur » et supprimer ou réduire les avantages accordés à certaines couches de la société, généralement déjà bien nantis.
A l’entendre, les décideurs togolais doivent revoir cette situation étant donné qu’il est nécessaire d’investir dans les infrastructures des services d’eau potable, d’hygiène et d’assainissement dans le pays afin de surmonter les inégalités de nature socio-économique et d’atteindre au moins les cibles 6.1 et 6.2 des ODD.
« Selon les projections et en fonction du budget du secteur, on ne pourra pas atteindre les prévisions du PND (Plan National du Développement) et encore moins les prévisions de l’accès universel à l’eau à l’horizon 2030. Il faut que les décideurs puissent comprendre en fait qu’en investissant dans le secteur de l’eau, on permet de pallier à d’autres problématiques ; parce que l’eau est indispensable pour l’agriculture, l’industrie, la pêche. Et il faut même de l’eau pour boire. Car même le fait de réaliser des ouvrages d’eau potable réduit le temps de corvée. Ce temps-là, les gens peuvent l’investir à mener des activités génératrices de revenus qui vont créer de la richesse pour le pays. », confie-t-il.
« Une étude, selon l’Union Européenne, sur l’implication du genre dans la gestion de l’eau et de l’assainissement nous a fait comprendre que le fait de réaliser un forage dans une localité permet aux femmes de développer d’autres activités alors qu’avant elles étaient obligées de faire en moyenne 6h de temps pour aller chercher de l’eau. Si on sait que dans la journée on n’a que 24h. Avec des risques sanitaires, le manque d’eau et d’assainissement cause plus de dommages que la guerre. », tranche-t-il.
« Même si les dernières années, l’État togolais a investi énormément en terme du taux de desserte passant de 39% à 65%, il peut faire encore mieux », a soutenu M. Akakpo, directeur des ressources en eau.
Selon une étude, les niveaux actuels de financement des services WASH (Water, Sanitation and Hygiene) sont globalement inférieurs aux coûts du capital requis pour répondre aux besoins élémentaires en matière de WASH d’ici 2030. Il faut donc nécessairement accroître les financements accordés au secteur.
Depuis 2008, à travers l’AMCOW (African Ministers’ Council on Water), les états africains se sont convenus d’accorder, au moins 0.5% de leur PIB au secteur de l’eau et de l’assainissement d’ici 2020.