Economie : Philippe Chalmin, « L’Afrique ne peut pas continuer à se développer dans la dépendance alimentaire »

Il est maintenant connu de tous que l’un des problèmes de la structure économique de l’Afrique réside dans son importante dépendance vis-à-vis des exportations des matières premières et des importations. Dans une récente analyse faite par le professeur Philippe Chalmin au site d’informations Commodafrica, la dépendance de l’Afrique des importations, permettrait certes de nourrir les villes mais, appauvriraient les campagnes d’où l’importance pour l’Afrique de développer de vraies politiques agricoles et alimentaires.

Au cours de sa présentation le 8 juin dernier de la 36ème édition du rapport Cyclope, le Professeur Philippe Chalmin, l’un des deux directeurs du rapport recommande fortement aux pays africains plus spécifiquement de l’Afrique francophone et de l’ouest de mettre en place de vraies politiques agricoles visant à soutenir les productions paysannes et par la même occasion assurer son autosuffisance alimentaire et économique.

« Je pense que l’Afrique a pris conscience quand même de la dépendance dans laquelle elle s’est située en particulier sur ses importations de produits agricoles et alimentaires. S’il est un moment peut-être pour l’Afrique de remettre sur le dessus de la pile l’idée d’avoir de vraies politiques agricoles de manière à essayer d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, cela me paraitrait tout à fait fondamental. », a indiqué l’économiste libéral français avant de soutenir, « l’Afrique ne peut pas, à mon sens, continuer à se développer dans la dépendance alimentaire qui a été la sienne et qui l’est de plus en plus. »

Pour le professeur de l’université de Paris-Dauphine, le fait de nourrir la ville ne doit pas prendre le dessus sur la promotion et la valorisation de la production paysanne.

« C’est bien de nourrir les villes mais nourrir les villes uniquement avec des importations, cela pose des problèmes. », déplore Philippe Chalmin pour qui « Il est peut-être temps de profiter justement de cette alerte pour remettre en place de vraies politiques agricoles de manière à soutenir les paysanneries et un peu comme l’avait fait la politique agricole commune européenne dans les années 60. Ce qui permet d’avoir et d’arriver à une meilleure autosuffisance alimentaire ». Remettre sur le dessus de vraies politiques agricoles revient à « être capable de garantir aux paysanneries des prix suffisamment rémunérateurs pour les inciter à pousser leur production. ». L’expert recommande à titre d’exemple, « la subvention pour les engrais ». Cependant, prévient-il,  « il y en aura besoin surtout dans l’immédiat, mais c’est aussi et je le répète, ne pas chercher à dépendre d’importations qui, certes, permettent de nourrir les villes mais qui, quelque part, appauvrissent les campagnes. »

Y.S.

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