Depuis le 14 mai 2025, les abonnés togolais à l’électricité, notamment les ménages, subissent les effets d’une nouvelle grille tarifaire entraînant une hausse notable du prix du kilowattheure (kWh). Publiée dans le Journal Officiel du 24 mars 2025 (70e année N°30 BIS), cette révision des tarifs résulte d’un arrêté interministériel pris le même jour (n°072/MMRE/MEF/MPDC/MCACL). Elle concerne particulièrement les abonnés domestiques de puissance 2,2 kVA et s’accompagne d’une redéfinition des tranches de consommation.
Ce qui change pour les consommateurs
L’ancienne tarification comportait trois tranches :
* Tranche sociale (1 à 40 kWh) : 63 FCFA/kWh
* Tranche 1 (41 à 200 kWh) : 84 FCFA/kWh
* Tranche 2 (201 à 350 kWh) : 114 FCFA/kWh
La nouvelle grille revoit à la baisse certaines plages, mais augmente les tarifs au-delà de 30 kWh :
* Tranche sociale (1 à 30 kWh) : 60 FCFA/kWh (baisse de 4 %, mais plage réduite de 10 kWh)
* Tranche 1 (31 à 120 kWh) : 93 FCFA/kWh (hausse de 14 %)
* Tranche 2 (au-delà de 120 kWh) : 130 FCFA/kWh (hausse de 14 %)
Si la tranche sociale affiche une légère baisse de prix, elle devient encore plus restreinte, réduisant ainsi son impact bénéfique. En clair, les ménages qui dépassent les 30 kWh mensuels verront leur facture augmenter sensiblement, du fait à la fois de la hausse des tarifs et du rétrécissement des tranches avantageuses.
Une mesure jugée « inacceptable » par la LCT
Face à cette réforme, la Ligue des Consommateurs du Togo (LCT) s’insurge. Dans une déclaration officielle, elle fustige une mesure qu’elle qualifie d’« inacceptable dans un contexte de vie chère ». Le président de l’organisation, Dr Emmanuel Sogadji, estime que cette hausse tarifaire « aggrave la précarité des consommateurs », déjà durement frappés par l’inflation.
La LCT déplore également le manque de concertation avec les parties prenantes : ni le ministère des Mines et de l’Énergie, ni l’ARSE (Autorité de Réglementation du Secteur de l’Électricité), ni la CEET (Compagnie Énergie Électrique du Togo) n’ont, selon elle, associé les consommateurs à la prise de décision. Une démarche unilatérale, perçue comme une entorse aux principes de transparence et de participation citoyenne.
Dans le cadre de l’initiative Made in Togo 2025 et du Bouquet Otiya, la LCT alerte sur les risques de mécontentement populaire si rien n’est fait pour atténuer les effets de cette hausse. L’organisation appelle à des solutions structurelles durables, afin d’éviter de faire porter le poids des déséquilibres du secteur énergétique sur les seuls usagers.
Elle évoque notamment le projet IPDCP-2, censé améliorer l’accès et la qualité de l’énergie au Togo, et qu’il ne faudrait pas compromettre par des décisions impopulaires et socialement lourdes de conséquences.
La LCT réaffirme sa volonté de dialogue avec les autorités, tout en avertissant : « si rien ne change, la colère des consommateurs pourrait s’exprimer dans la rue ».