À Lomé, ce 27 avril 2025, pendant que les autorités commémoraient en grande pompe les 65 ans d’indépendance du Togo, l’opposition, elle, sonnait l’alerte. Dans un climat politique crispé, plusieurs partis et organisations citoyennes ont lancé un appel à la « résistance nationale » contre ce qu’ils qualifient de « dérive monarchique » du régime de Faure Gnassingbé.
Dans une déclaration conjointe, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), les Forces Démocratiques pour la République (FDR), Novation Internationale, et d’autres mouvements de la société civile comme Tournons La Page-Togo et le Front Citoyen Togo Debout, dénoncent un « hold-up constitutionnel » orchestré sous couvert de la récente réforme qui propulse le pays dans une Cinquième République. Pour les signataires, cette réforme vise une seule chose : assurer la mainmise continue de Faure Gnassingbé sur le pouvoir.
« Que célébrer quand le peuple est humilié, trahi et opprimé ? », s’interrogent-ils dans un texte aussi amer que déterminé. Ils décrivent un pays cadenassé, où libertés publiques, droits politiques et voix dissidentes seraient méthodiquement étouffés. Le message est clair : « L’heure n’est plus aux complaintes mais à l’action », martèlent-ils, appelant à une mobilisation générale, des quartiers populaires de Lomé aux villages reculés, jusqu’à la diaspora.
Mais le terrain reste miné. Prévue initialement sur le site d’Akassimé dans la Commune Golfe 4, puis déplacée près de l’ancien Palais des Gouverneurs, la manifestation a été stoppée net par les autorités. Dans une correspondance officielle datée du 24 avril, le ministère de l’Administration territoriale a ordonné le report de l’événement, invoquant des raisons de sécurité liées aux festivités officielles. Le boulevard du Mono, jouxtant l’ancien Palais, est une voie nationale où les manifestations sont interdites, a rappelé l’administration, citant l’article 9-2 de la loi n°2011-010 du 16 mai 2011 modifiée.
Dans une ironie amère, la lettre ministérielle précise aussi qu’une autorisation avait été accordée à un autre groupe, le Mouvement de la Jeunesse de Demain, pour occuper le terrain d’Akassimé aux mêmes dates pour des activités sportives. Comme si les terrains de contestation étaient eux aussi soigneusement verrouillés.
Même un concert populaire censé célébrer l’indépendance, prévu en face de l’ancien hôtel de la Paix, n’a pas échappé à la vague d’annulations. Résultat : sur le front politique comme sur celui de la culture, c’est un 27 avril sous haute tension qui s’est dessiné à Lomé.
Depuis plusieurs années, l’opposition togolaise cherche difficilement à retrouver un second souffle. Mais, cette fois, la colère semble vouloir ressurgir, portée par l’indignation face aux récents changements constitutionnels qui redessinent les règles du jeu politique.