L’Afrique refuse le silence : à Lomé, l’APA plaide pour un repositionnement stratégique du continent

Dans un monde secoué par des mutations profondes, géopolitiques, économiques et stratégiques, l’Afrique ne peut plus se contenter d’un rôle passif. C’est le message fort lancé ce lundi 2 juin 2025 à Lomé, à l’ouverture de la 3ᵉ Conférence ministérielle de l’Alliance politique africaine (APA). Réunis dans la capitale togolaise, des représentants de plusieurs États du continent ont engagé une réflexion sur « la place de l’Afrique dans un monde en mutation : enjeux d’un repositionnement stratégique et diplomatique ».

Depuis le début du XXIᵉ siècle, les équilibres mondiaux se redéfinissent sous l’effet de crises multiformes, de conflits persistants, d’un multilatéralisme en crise et de rapports de force qui se durcissent. Dans ce contexte, l’APA entend rompre avec une logique d’assistanat et défendre une Afrique actrice de son destin. À Lomé, le ton est donné : « L’Afrique et le monde bougent. L’actualité internationale est prise dans un torrent de bouleversements évoluant au gré des humeurs et de la volonté de puissance des autres. Dans un environnement international où le monde s’invente au quotidien, l’Afrique ne peut rester sans voix et inaudible », a martelé Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères.

Citant Cheikh Anta Diop, le chef de la diplomatie togolaise a exhorté les Africains à s’approprier l’histoire en cours : « Il faut veiller à ce que l’Afrique ne fasse pas les frais du progrès humain, froidement écrasée par la roue de l’histoire. » Pour Dussey, le temps est venu de penser une souveraineté stratégique du continent face aux puissances traditionnelles et émergentes, mais aussi d’assurer l’unité d’action dans la gestion des défis communs, comme le terrorisme, les crises climatiques ou la dépendance technologique.

Photo de famille

Cette conférence offre un prolongement à la dynamique lancée à Lomé le 3 mai 2023, lors de la première conférence ministérielle de l’APA. Elle avait alors permis aux pays membres d’échanger sur la souveraineté africaine, l’expression d’une voix unifiée sur la scène internationale, la renaissance africaine et la coopération régionale.