Pendant que le Togo se prépare aux élections régionales, un nouveau parti politique fait son apparition dans le landerneau politique, se revendiquant bien évidemment de l’opposition. Le Parti Des Gouverneurs (PDG) dirigé par un récent soutien de Faure Gnassingbé clame son objectif de “mettre fin à la récréation”, alors que le monde s’interroge sur le sérieux que peut inspirer le parti du président de l’Observatoire Togolais des Eglises qui, il y a un an de cela, avait milité en faveur du 4ème mandat de Faure Gnassingbé.
Enième formation politique au Togo, le PDG mise sur un électorat de Togolais croyants pour visiblement opérer le changement. Comme tous les autres partis qui l’ont précédé, la nouvelle formation politique compte sur le peuple pour servir le peuple.
« Nous sommes là, non pas pour l’intérêt personnel mais plutôt pour le peuple. Et ensemble nous allons faire beaucoup de choses. J’ai foi qu’avec le PDG la récréation est terminée », a martelé le pasteur déjà accusé partout dans l’opinion d’être non seulement un parti de trop, mais aussi soupçonné d’être au service de la cellule des partis satellites du pouvoir en place. Et pour ceux qui veulent accorder tous les bénéfices du doute au PDG, les questions ne tarissent pas tout de même. En effet, il s’agit pour ces derniers, de se demander dans un petit Togo d’environ 8 millions et demie d’habitants avec plus d’une centaine de partis politiques, ‘’ Est-ce la peine de créer forcément un nouveau parti avant d’espérer changer les choses? ’’
Hier, grand défenseur du quatrième mandat de Faure Gnassingbé réélu en février 2020, Dr Cyrus B. Padabadi, pour être admissible dans l’opposition doit faire face à ses propres propos d’il y a exactement un an: « Le président Faure Gnassingbé mérite que nous le soutenions. C’est l’unique candidat d’ailleurs. Les autres candidats en lice qui font du bruit ne sont que des tonneaux vides. Aujourd’hui aucun Togolais ne peut douter de voter Faure. C’est un travailleur, et c’est un véritable fils du pays », avait-il prêché en période électorale.
Comment donc se retrouve-t-il 12 mois plus tard de l’autre côté du camp, à vouloir “sonner la fin de la récréation” dans l’opposition contre son champion Faure Gnassingbé. L’homme de répondre pour sa défense en ces termes: « J’ai en tant que Togolais appelé à voter Faure Gnassingbé et j’ai trouvé qu’il faudrait voter Faure en ce moment parce que c’était le meilleur des candidats pour moi. Il m’a déçu d’une part et il a su relever les défis d’autre part ».
La famille de l’opposition grandit en rangs dispersés
Au-delà des verbiages sur la question des partis politiques qui foisonnent tels des champignons au Togo, se pose le débat de l’efficacité dans le travail de l’opposition. D’ailleurs, en mettant l’accent sur la nécessité de “mettre fin à la récréation”, le PDG pointe du doigt une opposition togolaise en difficultés, qui n’est en réalité plus que l’ombre d’elle-même car ayant perdu tous ses combats face au parti au pouvoir depuis plus d’un demi-siècle. Là encore, toutes les analyses butent sur les tensions internes de l’opposition ; une vilaine graine qui pousse très souvent certains leaders de l’opposition à s’aligner derrière le parti au pouvoir pour combattre leurs propres frères.
Les partis sont quasiment devenus la propriété d’un cercle d’individus qui trafiquent toutes les rares occasions de changement contre leurs gains personnels. Quand des leaders politiques sont réfractaires à toute idée nouvelle, vomissant tout ce qui ne caresse pas leur égo et versent dans le populisme, il n’y a pas de quoi s’interroger encore sur le pourquoi d’un nouveau parti politique. Ceux qui sont là, n’arrivent pas à collaborer et quand on a une idée nouvelle qui pourrait aider, on ne peut que se créer son propre parti pour y essayer sa part de lutte. Ce qui laisse le boulevard ouvert à des manipulations de toute sorte et à l’émiettement de l’électorat de l’opposition face à un adversaire dont les cadres, quoiqu’enclins à des malentendus internes au sein de leur parti, font régulièrement preuve de grandeur et de discipline pour ne pas transporter leurs tares sur la place publique.