Le procès des journalistes togolais, Loic Lawson et Anani Sossou, prend une tournure inquiétante avec les révélations explosives de Reporters sans frontières (RSF). Lors d’une enquête faite par RSF, après leur récente arrestation, des traces de l’intrusif logiciel espion Pegasus ont été découvertes sur leurs téléphones portables, marquant ainsi une première au Togo.
RSF a identifié au moins 23 intrusions entre février et juillet 2021 sur le téléphone de Loïc Lawson, directeur de publication du Flambeau des démocrates, et une attaque similaire a visé le téléphone d’Anani Sossou le 25 octobre 2021. Ces révélations soulèvent des interrogations sur la protection des journalistes au Togo et exposent un potentiel abus de pouvoir par les autorités.
L’organisation internationale, après plusieurs mois d’enquête, a confirmé l’utilisation du redoutable logiciel Pegasus, commercialisé par la société israélienne NSO, par l’État togolais jusqu’en 2021. Ces conclusions ont été indépendamment validées par le Security Lab d’Amnesty International. Les deux journalistes, déjà en détention préventive pour des accusations de diffamation et d’atteinte à l’honneur, se retrouvent maintenant au centre d’un scandale de cyberespionnage.
RSF souligne que ces attaques visaient non seulement à compromettre la vie privée des journalistes mais également à accéder à des informations sensibles, mettant en danger leurs sources. Les autorités togolaises sont appelées à fournir des explications, mais la ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Yawa Kouigan, n’a pas encore répondu aux demandes de clarification.
Ce n’est pas la première fois que des journalistes togolais sont pris pour cible. En 2021, RSF avait identifié trois autres journalistes sur la liste des numéros potentiellement ciblés par Pegasus. Cette situation souligne la vulnérabilité des médias critiques au Togo et renforce l’appel à une protection renforcée des libertés de la presse dans le pays.