Lutte contre le réchauffement climatique : des journalistes togolais à l’école de la transition énergétique grâce à l’ATJ2E

Réunis dans la salle de réunion des Frères Franciscains à Adidogomé, vingt journalistes de la région maritime ont répondu présents, ce vendredi 6 juin 2025, à l’appel de l’Association Togolaise des Journalistes Engagés pour l’Environnement (ATJ2E). Une journée de formation intense, coïncidant avec la fête de la Tabaski, consacrée à un défi majeur pour le Togo et l’Afrique de l’Ouest : la transition énergétique face à l’urgence climatique.

Dans un contexte où les effets du dérèglement climatique se font sentir de plus en plus durement au Togo, entre montées des eaux, pollution de l’air et raréfaction des ressources, la mission des médias dépasse le cadre classique de l’information. Elle devient un levier de sensibilisation, de mobilisation citoyenne et de plaidoyer pour une transition énergétique juste. C’est dans cette optique que l’ATJ2E a conçu cet atelier, avec pour ambition de doter les journalistes d’outils concrets pour couvrir les enjeux environnementaux et énergétiques du pays.

« Le monde fait aujourd’hui face à une urgence climatique sans précédent. Et notre pays, le Togo, n’est pas épargné », a déclaré Hector Nammangue, président de l’ATJ2E, en ouverture de l’atelier. « Il ne s’agit plus uniquement d’informer, mais d’engager, de sensibiliser, d’investiguer, et surtout, de mettre en lumière les alternatives possibles : les énergies renouvelables, les innovations locales et les politiques ambitieuses pour une transition juste. »

La formation a permis d’approfondir plusieurs thématiques essentielles : l’impact des combustibles fossiles sur l’environnement et la santé, les techniques de storytelling appliquées aux énergies renouvelables, ou encore les méthodes d’investigation pour documenter les effets destructeurs de certaines exploitations extractives au Togo. Des modules pratiques ont permis aux participants de simuler la production d’articles, reportages audio, vidéos et photoreportages sur des sujets locaux.

Les journalistes ont été encouragés à concevoir des sujets de terrain, à l’instar d’un groupe qui aimerait entamer des investigations sur l’exploitation minière de la SNPT, la société STM (Société Togolaise d’exploitation de Manganèse), ou encore POMAR (marbre), avec leurs conséquences sanitaires et environnementales. Un autre groupe s’est penché sur le débordement des lagunes, un phénomène récurrent dans la région côtière togolaise, aggravé par le changement climatique et l’urbanisation non maîtrisée.

 

Au-delà de la simple formation, l’atelier a donné lieu à une réflexion collective sur les conditions de travail des journalistes spécialisés et sur les moyens d’assurer une information libre et de qualité. Le plaidoyer formulé par les participants a ainsi mis en avant plusieurs revendications clés : la révision des articles jugés liberticides du Code de la presse, la transparence des contrats miniers entre l’État et les multinationales, l’obligation pour les entreprises extractives de développer de véritables politiques de responsabilité sociétale et environnementale (RSE), mais aussi la mise en place de fonds d’appui aux enquêtes journalistiques (production, protection, mobilité) entre autres. La question des énergies renouvelables notamment le solaire a été abordé par un autre groupe. D’autres pensent se pencher sur les eaux usées des industries brassicoles du pays.

« Il nous faut aujourd’hui aller au-delà des discours, créer un réseau de journalistes capables de mutualiser leurs ressources, de produire des contenus puissants et de contribuer à une véritable dynamique de justice environnementale dans notre pays », a insisté Hector Nammangue.

Au terme de cette formation, chacun des vingt journalistes participants s’est engagé à produire au moins un contenu média, article, reportage, vidéo ou photoreportage, destiné à sensibiliser les communautés sur les effets néfastes des énergies fossiles et à promouvoir les énergies renouvelables.

À l’heure où le Togo s’efforce de renforcer sa résilience face aux changements climatiques et de diversifier son mix énergétique, l’émergence d’une presse environnementale mieux formée, plus engagée et outillée représente un enjeu plus qu’important. L’initiative de l’ATJ2E pourrait bien en être le ferment.