C’est une décision passée presque inaperçue dans le tumulte politique préélectoral, mais elle n’en est pas moins significative. À l’approche des élections municipales prévues pour le 10 juillet 2025, le Togo a discrètement augmenté le nombre de conseillers municipaux. Ils seront désormais 1667 à siéger dans les 117 communes du pays, contre 1527 lors du scrutin de 2019. Une rallonge de 140 sièges, officiellement pour améliorer l’inclusivité et la représentativité.
Sur le papier, la décision a tout d’un geste démocratique. Elle a été entérinée par le Président du Conseil, sur proposition du ministère de l’Administration territoriale, et validée au sein du Cadre permanent de concertation (CPC), cet espace de dialogue censé apaiser les tensions politiques. Mais une question fuse : 140 conseillers de plus, oui, mais pour quels résultats concrets ?
« On veut bien croire que c’est pour mieux représenter le peuple, mais on attend surtout des élus qu’ils règlent nos problèmes de base : les routes, l’eau, les déchets », lâche un habitant de la capitale, Lomé, visiblement peu impressionné par les annonces.
Officiellement, l’on parle d’un ajustement démographique après le 5e recensement général de la population et de l’habitat. Certaines communes auraient connu une poussée de population ou une reconfiguration territoriale nécessitant une représentation élargie.
Dans un pays où les dernières élections locales, en 2019, avaient marqué un tournant après trois décennies de centralisation, cette révision soulève de vraies interrogations. Les collectivités décentralisées se sont multipliées, mais les moyens peinent à suivre. Et si le nombre de conseillers augmente, la question de leur efficacité, de leur formation, et surtout de leur indépendance vis-à-vis du pouvoir central reste entière.
Pour rappel, ces élections locales sont les premières à se tenir sous la Ve République togolaise, dans un climat politique déjà tendu après la récente nomination du nouveau gouvernement et les débats autour du nouveau régime parlementaire. La bataille pour les communes pourrait bien annoncer celle, plus stratégique encore, pour le contrôle du territoire dans les années à venir.
Les 140 nouveaux conseillers municipaux ne sont donc pas que des chiffres. Ils sont peut-être le reflet d’un pays en pleine recomposition politique, où la démocratie locale cherche encore ses marques entre ambition affichée et réalité de terrain. Reste à savoir si le citoyen togolais, dans son quartier ou son village, verra une différence palpable au lendemain du 10 juillet.