Le Togo a abrité du mercredi 27 janvier et ce durant trois jours à l’aéroport international Gnassingbé Eyadema de Lomé, une série de démonstrations de vols sur le système moderne de navigation par satellite à l’échelle régionale, Satellite-Based Augmentation System (SBAS). Organisés par l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA) qui a choisi le Togo comme pays pilote en Afrique, ces tests introduisent l’Afrique et l’Océan Indien dans ce nouveau système de précision avancée dans la technologie de navigation aérienne qui devrait être définitivement disponible d’ici 2024. Un évènement rendu possible grâce à Thales Alenia, partenaire technique de l’ASECNA via le satellite NIGCOMSAT-1R du Nigéria.
Les cinq rotations de cette campagne d’essai, avec à son bord des personnalités et des pilotes, ont été réalisées depuis l’Aéroport de Lomé au moyen de l’ATR42-300 de calibration de l’ASECNA, équipé pour l’occasion de récepteurs spécifiques installés par la société Pildo Laps.
Cette phase d’essais techniques avec la collaboration des compagnies aériennes partenaires, marquée par des démonstrations sur le terrain pour les avions et les hélicoptères, avait pour objectif de démontrer les bénéfices des futurs services SBAS de sauvegarde de la vie humaine, attendus d’ici trois ans. Il comprendra également des services de positionnement précis (PPP) et d’alerte pour les populations, dont les performances seront prouvées par d’autres démonstrations sur le terrain.
Selon les experts, grâce au SBAS, les voyages devront d’une façon directe ou indirecte devenir davantage confortables pour les passagers. Quoique disponible dans certaines agences maghrébines, le SBAS est dorénavant disponible pour l’Afrique et l’Océan Indien afin d’augmenter les performances de positionnement fournies par les constellations de navigation par satellite GPS et Galileo. Grâce à une précision au mètre près, et à l’amélioration de l’intégrité, de la disponibilité et de la continuité des applications liées à la sécurité, ces services SBAS amélioreront la sécurité et l’efficacité des vols en Afrique. Mais cette technologie pourra également servir à de nombreux domaines économiques, comme l’agriculture, le transport maritime, ferroviaire et terrestre et à des applications grand public, favorisant la sécurité des usagers, l’efficacité économique et le développement durable.
Aujourd’hui, les capacités SBAS de base ou en option ne sont disponibles que sur certains types d’avions comme les Airbus A320 et A350, les ATR 42- et 72-600, les Embraer ERJ 135-140-145 ou encore les Bombardier Q-Series. Selon les experts, il est prévu que tous les nouveaux types avion offrent des capacités SBAS, sachant aussi que les offres de rétrofit sur les avions plus anciens sont de plus en plus nombreuses.
D’ici 2030, le SBAS sera le système de navigation de référence, comme le GPS aujourd’hui et l’accès à certaines zones aériennes dans le monde sera conditionné à la navigation à base de ce système. Dès lors, l’ASECNA se met dans les rangs avec à l’affût, des formations au personnel et la sensibilisation des acteurs du secteur aéroportuaire, afin que les esprits et les poches se préparent pour les nouveaux équipements adaptés à ce système de navigation plus sûre.
“La fourniture du premier service africain SBAS est une étape majeure dans le développement de la navigation par satellite dans la région AFI, et dans le déploiement du système SBAS pour l’Afrique et l’Océan Indien”, s’est réjoui Mohamed Moussa, directeur général de l’ASECNA, tout en relevant que ‘’l’ambition et l’engagement de l’ASECNA est de renforcer la sécurité de la navigation aérienne pour l’ensemble du continent, en ligne avec la vision d’unification du ciel africain’’.
“Avec cette technologie, tous les seuils de pistes et toutes les pistes d’atterrissage (proche ou éloignées des capitales politiques), naguère dépourvues d’approches de précision par manque d’ILS sur ce seuil ou sur cet aérodrome, se verront dorénavant capables d’offrir les mêmes services de précision en approche bien que ne disposant d’aucune infrastructure sol” a indiqué M. Louis Bakienon, directeur de l’Exploitation de la Navigation Aérienne, directeur du Programme SBAS
Selon lui, « les services SBAS permettront ainsi d’améliorer de manière significative et durable la sécurité́ et l’efficacité des vols. Ses bénéfices seront beaucoup plus importants en Afrique que dans le reste du monde, étant donné la particularité́ de notre environnement opérationnel, où à peine 15% des seuils de piste proposent des approches de précision contre des chiffres beaucoup plus importants sur les autres continents ».
Le directeur général de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile (ANAC) du Togo, le Colonel Gnama Latta, un ancien pilote de ligne, n’a pas manqué d’énumérer les multiples avantages du SBAS tout en indiquant que ‘’la Navigation SBAS, c’est ce qu’il y a de mieux”.
Notons que, plusieurs compagnies (Air France, Asky, etc.) et plusieurs grands acteurs de l’aviation ou de l’aéronautique, notamment Boeing, Airbus ou encore Egnos, ont pris part au vol-test.