NIU au Togo : un projet de plus de 41 milliards FCFA noyé dans une communication absente

Au Togo, la campagne d’enregistrement pour l’attribution du Numéro d’Identification Unique (NIU) démarre lundi à Lomé. Officiellement, l’opération vise à doter chaque résident, citoyen comme étranger, d’une identité biométrique fiable. Piloté par l’Institut national de la statistique (INSEED) avec le soutien de l’Agence nationale d’identification (ANID) et financé à hauteur de 72 millions de dollars par la Banque mondiale dans le cadre du programme WURI, le projet veut moderniser l’accès aux services sociaux et renforcer l’inclusion économique.

 

Sur le papier, l’ambition est claire. Sur le terrain, c’est la confusion qui règne. À Lomé, rares sont ceux qui en ont entendu parler. « On ne sait rien de ça, personne n’est venu nous expliquer », lâche un conducteur de taxi-moto. Pire, les rumeurs prennent le dessus. « C’est encore une histoire de 666, on ne veut pas de ça. On est fatigués de ce pays », s’emporte un jeune homme, en référence à des peurs religieuses profondément ancrées.

 

Le manque de communication est criant. Aucun effort massif de sensibilisation n’a précédé le lancement. Les médias locaux évoquent à peine l’opération. Les autorités restent, pour l’instant, silencieuses ou peu claires. Résultat : la méfiance prospère, sur fond de défiance politique.

 

Lors du 5ᵉ Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH), la communication autour de l’opération avait laissé à désirer. Faute d’une stratégie claire dès le départ, la société chargée du volet médiatique s’était contentée d’un service minimal, obligeant finalement le gouvernement à intervenir pour renforcer la stratégie et associer davantage les médias. Face aux premiers ratés du lancement du NIU, aujourd’hui, de nombreux observateurs redoutent un remake similaire avec ce lancement prévu pour ce lundi. « Il faut tirer les leçons du passé et agir vite pour éviter un nouvel échec », alerte un journaliste de Lomé.

 

Dans certaines régions de l’intérieur du pays notamment dans les savanes, plusieurs personnes se sont plaints de n’avoir pas eu l’information ou de n’avoir rien compris au projet. C’est fort à parier que l’impact de ce projet n’atteint pas les résultats escomptés.

 

 

Sans campagne d’explication massive, le NIU risque de rejoindre la longue liste des initiatives gouvernementales plombées par la défiance populaire. Il y a urgence à restaurer la confiance, sous peine de voir ce projet, pourtant essentiel, rejeté avant même d’avoir démarré.

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