Le président de la Cour Constitutionnelle du Togo, Aboudou Assouma décédé le 26 mai dernier à Lomé a été inhumé en début de semaine à Adetikopé. Bien avant son inhumation, l’illustre disparu a eu droit à un vibrant hommage national ayant réuni l’exécutif, famille, collègues et amis à la place des fêtes de la Présidence de la République.
Le gouvernement togolais et les institutions de la République ainsi que celles de la sous-région ont tenu ainsi à rendre leurs ultimes adieux à celui qui aura passé une partie de sa vie au service de la nation, aux côtés de sa famille biologique.
La nation togolaise salue la mémoire d’un juriste chevronné
La présente cérémonie d’hommage national a été présidée par le Chef de l’État, Faure Essozimna Gnassingbé. Christian Trimua, le ministre des droits de l’homme, de la formation à la citoyenneté, des relations avec les institutions de la République, dans le message livré au nom du président Faure a salué la mémoire d’un ” grand magistrat, un monument du paysage constitutionnel de notre pays”.
Le porte-parole du gouvernement togolais a également souligné que la sagesse, la loyauté et le dévouement à la constitution de feu Abdou Assouma ont marqué le pays.
” Il a su contribuer à la consolidation de la justice constitutionnelle et au positionnement de la Cour constitutionnelle au sein des institutions de la République comme garante des droits fondamentaux, de la stabilité et du levier de la démocratie et de la paix sociale “, s’est réjoui le ministre qui n’a pas manqué de lister les multiples œuvres et distinctions du désormais ancien président de la cour constitutionnelle du Togo.
C’est toujours par la voix du ministre Trimua que le gouvernement et les institutions de la République ont réitéré les condoléances de la nation togolaise, le soutien consolant du président Faure et souhaitant que ” puisse Allah, le très miséricordieux d’accueillir dans sa demeure éternelle, le président Aboudou Assouma ” afin que ce dernier “repose en Paix !”
Un papa bienveillant, un grand père attentionné
L’autre moment émouvant marquant l’assemblée le lundi 05 juin 2023 a été l’oraison funèbre lu par la fille du défunt, Assana Assouma. Cette dernière a partagé avec l’assistante, la biographie du magistrat et surtout l’amour mutuel entre le père et les enfants.
” Toute épouse, tout enfant, toute famille appréhende des moments comme celui-ci, des moments d’adieu où la douleur immense et la tristesse se mêlent à un sentiment de nostalgie et de souvenirs. Papa, nous ne pouvons te dire au-revoir, sans évoquer ce père que tu as été pour nous. Guidé par cet amour inconditionnel que tu portais à chacun d’entre nous, un papa bienveillant, qui savait nous faire rire aux éclats. Un papa tendre et d’une grande générosité dont la porte a toujours été ouverte, et la main toujours tendue vers ton prochain. Un papa patient doté d’une grande patience. Un papa qui parlait peu mais dont les sages conseils resteront gravés en nous. Un papa qui nous a appris à aller de l’avant et faire face aux épreuves de la vie. Nous garderons en mémoire, ton humilité et ton sens du pardon”, s’est engagée la jeune femme, désormais orpheline de père avec une voix tremblante et des yeux pleins de larmes et dont le papa manque déjà énormément.
Dans la série des hommages, le président par intérim de la Cour Constitutionnelle du Togo, le Juge Koami Amados Djoko et le président de la Cour suprême du Bénin, Victor Dassi Adossou se sont également prêtés à l’exercice.
Ainsi, pour le Juge Kodjo, ” le président Assouma, dans ses rapports individuels avec les membres de notre institution, faisait preuve d’une grande écoute et ne se préservait pas de prodiguer des conseils oh combien avisés à tous ceux qui le consultaient. Ce ne sont pas là, les seules raisons pour lesquelles, le président de la République a voulu honoré de sa présence, cette cérémonie nationale. Les vraies raisons, c’est son dévouement aux services de la République.”
L’Afrique francophone du droit bouleversé
Le haut magistrat n’a pas que séduit le Togo par sa carrière professionnelle et sa personnalité, en témoignent les nombreuses marques de sympathie et d’affection reçues par ses proches de la part de toute l’Afrique francophone.
C’est donc à juste titre qu’à son tour, le magistrat béninois a souligné dans son intervention que depuis la réception de la triste nouvelle, le secrétariat général du creuset commun de coopération des hautes juridictions africaines francophones sis à Cotonou est inondé de nombreux messages, tous expressifs de la vague d’émotions soulevée par la mort du président Aboudou Assouma, car “toutes les morts, n’ont pas la même signification”.
Le dernier voyage
Après une cérémonie d’adieu chargée d’émotions et de recueillements, oraison funèbre et autres honneurs dignes de son rang, qui aura duré environ deux heures, la dépouille d’Aboudou Assouma repose éternellement au cimetière musulman d’Adétikopé à Lomé après son passage à la mosquée.
Que retenir de l’homme ?
Du haut de ses 78 ans, Aboudou Assouma a passé ses seize dernières années sous le manteau du président de la Cour Constitutionnelle du Togo à la suite de sa nomination en 2007 succédant à Atsu Amega.
Cet imminent juriste a su marquer de son empreinte plusieurs institutions de la République et surtout la justice togolaise depuis son entrée à la magistrature en 1977.
Le regretté a été substitut du Procureur de la République de 1981 à 1988 puis, de 1988 à 1991, Procureur de la République.
Du 2 janvier au 17 juin 1992, il rejoint le gouvernement et y a occupé les fonctions de ministre délégué auprès du Premier Ministre chargé des Forces armées togolaises (FAT), avant d’être nommé Procureur général près la Cour d’appel de Lomé le 23 mars 1993.