Politique : de l’ANC au Parti des Togolais, la réponse du berger à la bergère

Au Togo, l’opposition politique donne une fois encore le spectacle d’une famille déchirée. Alors que le pays entre dans l’ère de la Cinquième République sous un régime parlementaire jugé controversé par cette même opposition et une frange partie de la population, les principales figures de l’opposition s’écharpent dans les médias, loin de l’unité attendue face au pouvoir en place.

La dernière salve est venue de Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais, qui accuse Jean-Pierre Fabre, leader de l’ANC, d’entraver la lutte démocratique. « Incohérence », « intérêts partisans », « obstacle » : les mots sont durs. En ligne de mire, la posture jugée solitaire et inefficace de Fabre dans la recomposition politique actuelle.

Nathanaël Olympio, du Parti des Travailleurs

« Jean-Pierre Fabre est devenu un obstacle à la lutte à cause de l’incohérence de ses choix et de la poursuite d’intérêts partisans au détriment de l’intérêt général », a-t-il accusé lors d’une intervention radiophonique.

La réplique de l’Alliance nationale pour le changement n’a pas tardé. Eric Dupuy, conseiller en communication du parti, a dénoncé une « jalousie mal dissimulée » de la part d’Olympio. Il défend son mentor comme un acteur discret mais constant de l’unité de l’opposition, insistant sur le fait que « le régime RPT/UNIR prospère sur les divisions ».

« Il avait pourtant dit une vérité simple : le système RPT prospère sur les divisions au sein de l’opposition. C’est une réalité qu’il faut cesser de fuir » a-t-il indiqué.

Dupuy a également tenu à rappeler que Fabre n’a « jamais cherché à en être le président ou le porte-parole » des coalitions successives. « Il a toujours été dans l’ombre, unificateur, discret mais actif », a-t-il insisté, en référence aux multiples tentatives de regroupement avortées dans l’opposition togolaise.

Jean-Pierre Fabre, président national de l’ANC

Derrière ces passes d’armes se dessine une fracture ancienne, celle d’une opposition en proie à des guerres d’ego et de leadership, au détriment de la construction d’une alternative crédible. Le débat politique semble une fois encore relégué au second plan, supplanté par une guerre médiatique qui affaiblit davantage encore un camp déjà marginalisé dans le nouveau dispositif institutionnel.

Alors que le pouvoir consolide ses positions, la cacophonie dans les rangs adverses offre un boulevard à la majorité. La jeunesse togolaise, en quête de renouveau, observe ce duel fratricide avec lassitude, voire indifférence.