Prix international des femmes de courage 2023 : Deux africaines distinguées

Dans le cadre de la 46ème Journée Internationale des droits de la Femme (JIF) tenue ce mercredi 08 mars 2023 à travers le monde, deux africaines s’illustrent en remportant le « Prix International des Femmes de Courage 2023 ».

 

La professeure centrafricaine, Danièle Darlan et la journaliste Meaza Mohammed de l’Éthiopie ont su relever avec fierté le nom du continent à travers le courage, l’engagement et le leadership exceptionnels dont elles ont fait preuve dans leurs communautés souvent au prix de grands risques et sacrifices personnels dans leurs activités. Qui sont-elles et qu’ont-elles fait pour mériter ce grand prix décernés par le Département d’État Américain ?

 

Danièle Darlan

Ancienne présidente de la Cour constitutionnelle de la République centrafricaine, Danièle Darlan est une avocate, professeure et juriste centrafricaine qui a été présidente de la Cour constitutionnelle de ce pays de 2017 à 2022.

Danièle Darlan

À 71 ans, Danièle Darlan est surtout connue pour avoir pris sa retraite en 2022, dans un premier temps par un décret du président Faustin-Archange Touadéra, jugé cependant anticonstitutionnel.

” La professeure Danièle Darlan, a mérité le titre de Femme internationale de courage pour sa défense de la constitution de son pays, son héroïsme dans la sauvegarde de l’indépendance judiciaire et son refus de se laisser influencer par des menaces ou des politiques pression.”, a reconnu le Département d’État Américain.

En effet, en 2017, Danièle Darlan est devenue la première femme à occuper la fonction de la présidente de la Cour Constitutionnelle dans le pays. De son dernier acte, on peut retenir qu’en Septembre 2022, alors que sous sa gouvernance, la Cour constitutionnelle a retoqué le projet du pouvoir en place visant le changement de la Constitution, celle-ci va être démise injustement de ses fonctions. Bien que l’illégalité de la démarche sera établie par ses pairs qui ont siégé sans elle, Danièle Darlan renoncera à reprendre son poste, pour, selon elle, éviter la paralysie des actions de l’institution. La Centrafrique entre ainsi dans une impasse juridico-institutionnelle ce, jusqu’à ce jour.

Selon les promoteurs des droits de l’homme, celle qui est aussi écrivaine a illustré son engagement indéfectible envers l’État de droit et la ténacité de Danièle Darlan lui a valu le surnom de « Femme de fer » ainsi qu’une place de choix sur la liste de Jeune Afrique des « Les trente qui construisent l’Afrique de demain ».

La professeure Darlan défini le courage, comme ” faire face aux épreuves de la vie, se relever et continuer, et maintenir son intégrité même dans l’adversité.”

 

Meaza Mohammed

Percevant le courage, comme ” choisir la vérité et la défendre, même si elle n’est pas populaire, car à la fin, la vérité vous rendra libre”, Meaza Mohammed, journaliste éthiopienne chevronnée, est la fondatrice de Roha TV, une chaîne indépendante d’actualités et d’informations basée sur YouTube.

Meaza Mohammed

Cette chaîne est devenue de plus en plus populaire en Éthiopie, et se veut un moyen de diffuser des informations et des analyses qui s’écartent de la ligne officielle du gouvernement, sachant que dans le pays, les médias audiovisuels sont presque entièrement contrôlés par l’État.

Ses reportages sont souvent relatifs à la couverture des survivants de la violence sexiste, y compris la violence sexuelle dans le conflit actuel. Elle a ensuite travaillé directement avec ces femmes pour leur trouver des traitements et d’autres ressources. Sur ses différentes plateformes des réseaux sociaux, la journaliste a partagé ses entretiens avec des dizaines de femmes violées ou agressées sexuellement par des militants armés pendant le conflit du nord de l’Éthiopie.

Meaza Mohammed est réputée pour être une voix forte en faveur d’enquêtes et de responsabilisation pour les violations des droits de l’homme pendant le conflit, impressionnant ainsi les observateurs étrangers avec sa volonté claire, sa détermination et sa persévérance à dire la vérité et à partager les histoires qu’elle a vues avec le monde.

Aussi, faut-il souligner que la femme des médias a produit un documentaire sur 17 étudiants enlevés à l’université et continue d’œuvrer à leur libération trois ans plus tard par l’intermédiaire de l’ONG qu’elle a aidé à fonder en leur nom. L’éthiopiene a été arrêtée à plusieurs reprises et inculpée de plusieurs chefs d’accusation mais reste déterminée à défendre les victimes de violence sexiste et à garantir la responsabilité des crimes commis à leur encontre.

 

Prix international des femmes de courage

International Women Courage Awards ( IWOC en anglais), le Prix International des Femmes de Courage est un prix annuel créé en 2007, qui rend hommage aux femmes du monde entier qui ont fait preuve d’un courage, d’une force et d’un leadership exceptionnels afin d’apporter des changements positifs à leurs communautés, souvent au prix de grands risques et sacrifices personnels.

Jill Biden, Meaza Mohammed et Antony Blinken à International Women Courage Awards 2023

La première dame des États-Unis, Jill Biden, voulait mettre les récipiendaires de l’International Women of Courage de cette année sur la plus grande scène possible, elle a donc invité les 11 lauréates à la Maison Blanche mercredi pour la cérémonie de remise des prix.

” Partout, les filles ont besoin de savoir qu’il y a des femmes qui se battent pour elles et qui gagnent. Ouvrir des portes, transformer les écoles, les communautés et les gouvernements, construire un monde meilleur pour nous tous. Et, nous sommes aussi ici pour dire à leurs frères et pères et maris et amis : autant nous avons besoin de femmes qui sont prêtes à parler, nous avons besoin de plus d’hommes qui sont prêts à écouter et à agir “, a déclaré Mme Biden mercredi.

Pour sa part, le Secrétaire d’État américain, Antony Blinken, estime que, ” Ce sont souvent les femmes qui mènent la charge pour les droits humains, la démocratie et la justice ; y compris là où les femmes détiennent bien moins de la moitié du pouvoir politique, économique et social. C’est pourquoi l’égalité des droits et la dignité des femmes sont une priorité de la politique étrangère des États-Unis.”

À ce jour, dans le cadre du programme IWOC, le Département d’État américain a reconnu plus de 200 femmes dans 80 pays. Tous les lauréats ont plaidé pour la protection des droits de l’homme, fait progresser l’équité et l’égalité des sexes, autonomisé les femmes et les filles, dans toute leur diversité, et favorisé la paix et la transparence des gouvernements dans le monde.

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