Quand la corruption sape les efforts climatiques

Des milliers de militants ont récemment défilé sur le pont de Brooklyn, brandissant des banderoles réclamant la fin des combustibles fossiles, en marge des discussions de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le climat. Cet engagement citoyen contraste fortement avec les pratiques de corruption qui sapent les efforts mondiaux pour lutter contre le changement climatique.

Chaque année, plus de mille milliards de dollars sont dépensés par les gouvernements et les entreprises pour financer des actions climatiques. Cependant, ces fonds, essentiels à la réduction des émissions et à l’adaptation des communautés vulnérables, sont souvent détournés à cause de la corruption. Là où cette dernière prospère, les politiques climatiques échouent. Selon le dernier rapport de Transparency International, les pays avec un score élevé sur l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) tendent à mieux protéger l’environnement.

La corruption joue également un rôle crucial dans le retardement des réformes climatiques. Dans les pays du Nord, qui sont les principaux responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre, de puissantes industries comme celles des combustibles fossiles exercent une influence démesurée sur les décisions politiques. Le lobbying et les informations trompeuses sont couramment utilisés pour freiner des politiques ambitieuses de réduction des émissions. Par exemple, lors de la COP28 en 2023, le nombre de lobbyistes de l’industrie des énergies fossiles a dépassé celui des représentants des dix pays les plus affectés par le changement climatique.

Les pays du Sud, qui reçoivent des financements pour faciliter leur transition écologique, sont également vulnérables à la corruption. En Zambie, des fonctionnaires corrompus ont détourné des millions grâce au commerce illicite du bois de Mukula. De même, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, 2 millions de dollars destinés à l’Autorité nationale sur le changement climatique ont été détournés, compromettant des projets vitaux pour l’adaptation du pays.

La corruption ne se limite pas au détournement de fonds. Elle facilite aussi les crimes environnementaux tels que l’exploitation illégale des forêts et des espèces sauvages. En conséquence, ces activités criminelles, qui représentent des pertes de 80 à 230 milliards d’euros par an, menacent directement les efforts pour protéger la planète.

Face à ces enjeux, il est urgent de renforcer la transparence et la lutte contre la corruption dans la gouvernance climatique. Sans une gestion intègre des fonds climatiques et des politiques transparentes, les solutions nécessaires pour atténuer le changement climatique resteront hors de portée.

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