Ils étaient attentifs, concentrés, parfois même interpellés par des notions jusqu’ici floues. Installés depuis janvier seulement, les conseils régionaux du Togo font leurs premiers pas dans un cadre institutionnel encore en construction, mais pas à l’aveugle. L’Agence nationale de formation des collectivités territoriales (ANFCT) s’est engagée à les accompagner avec méthode et rigueur. Après une première session consacrée à la commande publique, les élus et représentants de l’administration régionale viennent de suivre une seconde formation, cette fois axée sur l’exercice de la tutelle.
Les deux sessions, lancées le 12 mai dernier, s’inscrivent dans le cadre du plan de renforcement des capacités porté par l’ANFCT, avec l’appui de la Banque mondiale à travers le Programme de modernisation de l’administration publique pour la délivrance des services (PMADS). Ce cycle, qui se poursuivra jusqu’au 29 mai, ambitionne de doter les nouveaux acteurs de la décentralisation des outils nécessaires à une gouvernance locale efficace, en phase avec le cadre juridique et institutionnel du pays.
La première étape, sur la commande publique, a permis aux élus et agents régionaux de découvrir les textes en vigueur au Togo, les organes de passation et de contrôle, ainsi que les procédures encadrant les marchés publics. Une immersion technique, dense, mais saluée par les participants. La seconde session, tout aussi cruciale, a porté sur la tutelle de l’État sur les collectivités territoriales – une notion essentielle, mais souvent mal comprise.
« L’atelier de formation sur la tutelle aborde l’interdépendance entre les structures décentralisées de l’État, la relation qui les lie, les modes d’interaction, etc. », explique le gouverneur de la Région Maritime, Taïrou Bagbiegue. « Après l’installation des structures, nous avons l’avantage de bénéficier de ces formations qui nous permettent d’entrer efficacement dans l’exercice de notre métier. Cette chance, les collectivités municipales ne l’avaient pas eue », souligne-t-il, saluant une initiative qui, selon lui, lève le voile sur des principes jusque-là méconnus ou mal maîtrisés.
La tutelle administrative, financière ou encore sur les personnes : autant de facettes que les participants ont pu explorer sous la conduite de formateurs chevronnés. Parmi eux, Koupokpa Tikonimbé, enseignant-chercheur à l’Université de Lomé. « La tutelle permet d’effectuer un contrôle sur les actes, les activités et les décisions des collectivités. Elle est exercée au nom de l’État et vise à garantir l’indivisibilité de la République ainsi que l’unité de l’ordre juridique », explique-t-il. « Les modules ont été conçus pour permettre une appropriation progressive : de la notion de tutelle, à ses différentes déclinaisons administratives, financières et organiques. »
La dynamique pédagogique semble avoir porté ses fruits. « Nous avons appris beaucoup de choses et nous pensons que nous sommes aguerris pour nos fonctions », confie Madame Dotse-Guede Aklu Masâ Beya, Secrétaire générale du Conseil régional Maritime. « Les organes régionaux ne sont pas encore totalement en place. Ces formations nous donnent la matière nécessaire pour poser les bases. Nous avons compris ce qu’est l’exercice de la tutelle et ses implications concrètes. »
Dans la salle, les échanges ont parfois donné lieu à des débats animés, des partages d’expérience, mais surtout à une prise de conscience : celle d’une responsabilité partagée entre élus locaux et représentants de l’État, au service d’une décentralisation que les autorités veulent maîtrisée, progressive et alignée sur les exigences de redevabilité.
Alors que la troisième session est attendue dans les prochains jours, les regards sont tournés vers la suite du programme. L’ambition est claire : faire de chaque région un maillon fort de l’architecture territoriale togolaise. Et à en juger par l’engagement des participants, la formation, elle, semble déjà avoir trouvé sa place.