Le ministre des affaires étrangères du Togo, Robert Dussey, s’est exprimé avec vigueur sur la place de l’Afrique dans le monde lors d’un entretien avec la Deutsche Welle, affirmant sans détour que le continent n’a plus besoin d’assistance extérieure. « Non, non, non, nous n’avons pas besoin d’aide », a-t-il déclaré fermement. À travers cette intervention, il a plaidé pour une Afrique souveraine, capable de construire son propre avenir et de parler d’une seule voix sur la scène internationale.
Saluant l’initiative de l’Allemagne d’organiser un symposium de haut niveau, le ministre Dussey a cependant souligné que, malgré les 140 années écoulées depuis la Conférence de Berlin, l’Afrique ne parvient toujours pas à jouer un rôle majeur dans les affaires mondiales. Pour lui, ce retard est le résultat d’une vision historique biaisée, où le continent a été pensé et exploité comme une simple source de ressources. « Économiquement, nous avons toutes les ressources, et c’est ce que nous avons rappelé ici. »
Interrogé sur le besoin d’aide internationale, le ministre a été catégorique : « Nous sommes suffisamment intelligents pour construire nos pays et notre continent. » Il a également évoqué la nécessité de réparer les dommages causés par le passé colonial et la traite transatlantique, tout en précisant que « ce n’est pas un seul euro qui va réparer ça », faisant ainsi allusion aux millions d’Africains tués ou exploités pendant cette période sombre de l’histoire.
Le débat s’est ensuite orienté vers les tensions politiques en Afrique de l’Ouest, notamment la situation dans le Sahel, où les régimes militaires du Mali, du Niger et du Burkina Faso ont suscité des désaccords au sein des États de la région. La réponse du ministre Dussey fut cinglante : « Ce qui se passe dans les pays du Sahel ne concerne que ces pays. Respectons leur souveraineté. » Il a insisté sur le fait que l’Afrique doit être capable de résoudre ses propres problèmes sans ingérence extérieure, appelant à un respect total des décisions souveraines des États africains.
Le ministre a également critiqué la tendance des puissances étrangères à nommer des représentants pour superviser les affaires africaines. « Depuis quand un continent a-t-il besoin de représentants pour d’autres continents ? » a-t-il lancé, dénonçant une approche paternaliste qui perdure malgré les discours de coopération.
Le Togo, continue de se positionner comme un acteur clé du panafricanisme, avec l’accueil prochain du Congrès africain. « Les Africains ont soif de parler de l’Afrique, de l’aider à sortir de l’état dans lequel elle se trouve », a-t-il souligné, tout en reprochant à certains médias occidentaux de perpétuer une image négative du continent. « L’Afrique va mal, c’est ce que l’on voit souvent dans vos médias. »
Pour le ministre Robert Dussey, il est temps que l’Afrique soit respectée à sa juste valeur, non plus comme un continent en difficulté, mais comme un acteur égal dans l’échiquier mondial. « Nous voulons être vus comme des égaux. Personne n’est supérieur à nous. L’humanité que nous partageons est celle qui nous unit. »