Nibombé Daré, ancien défenseur emblématique de l’équipe nationale, a été nommé à la tête des Éperviers du Togo pour succéder au Portugais Paulo Duarte. Cependant, à la surprise générale, le technicien de 44 ans n’a toujours pas signé son contrat, suscitant de vives réactions et spéculations au sein du public sportif.
Face à cette situation qui s’éternise, la Fédération Togolaise de Football (FTF) a pris la décision de nommer un intérimaire, en la personne de Coubadja Kader, actuellement sélectionneur de l’équipe nationale locale et adjoint du sélectionneur de l’équipe A. Cette décision, bien qu’intérimaire, a alimenté diverses rumeurs. Certaines sources affirment que le ministère des Sports aurait refusé d’accéder aux exigences salariales de Nibombé Daré. D’autres suggèrent qu’il aurait été contraint d’accepter des membres de son staff imposés par les autorités sportives.
Interrogé sur ces rumeurs par le journaliste Eric Gato de la radio Taxi FM, Nibombé Daré a clarifié les points de friction qui retardent la signature de son contrat. Selon lui, deux éléments principaux posent problème. Le premier est le choix du second entraîneur adjoint. Daré a exprimé son désaccord avec l’imposition de Coubadja Kader dans son staff. Bien qu’il n’ait aucun problème personnel avec ce dernier, Daré estime que Coubadja et lui-même, venant tous deux de l’étranger, connaissent mal les joueurs locaux. Pour combler cette lacune, il souhaiterait s’appuyer sur Abalo Dosseh, un technicien qui, selon lui, maîtrise mieux les réalités du football local et qui a parcouru tout le pays.
« Je n’ai aucun problème avec Kader. Mais lui et moi venons de l’extérieur avec une faible connaissance des joueurs locaux. Or, je veux développer et faire progresser des joueurs locaux. Celui qui maîtrise le mieux les joueurs locaux et qui a traversé tout le pays, c’est Abalo Dosseh. Mais on m’impose Kader à la place. Ce qui ne répond pas à mes exigences (…) J’ai besoin de Kader en tant que collègue entraîneur qui peut assister à mes séances, mais qui ne sera pas dans mon staff. Si mon choix s’est porté sur Abalo, c’est pour plusieurs raisons. D’abord, sur les dix dernières années, Abalo a été le seul entraîneur qui est resté sur le territoire national. Dans mes projets envoyés à la Fédération avant d’être nommé, j’ai dit que je voulais développer les joueurs locaux. Le seul entraîneur aujourd’hui qui a traversé tout le Togo pour voir ces joueurs, c’est Abalo Dosseh. Techniquement, c’est lui qui peut m’apporter plus que Kader. J’ai été mal compris. Je n’ai jamais demandé qu’on renvoie Kader du staff. Kader est un collaborateur, un collègue car il est l’entraîneur principal de l’équipe réserve. Techniquement, s’il y a des difficultés dans mon équipe, la première personne à qui je dois m’adresser, c’est Kader. Nous sommes amenés à collaborer, mais le fait qu’on me l’impose en disant qu’il doit faire partie du staff, c’est ça qui ne colle pas. Il peut arriver que les deux équipes aient des compétitions dans les mêmes périodes. Je pourrais donc me retrouver avec mon adjoint entraînant l’équipe adverse. Cela ne correspond pas aux normes pour avoir les performances escomptées. Il n’y a aucun problème personnel entre moi et Kader, », a déclaré Nibombé Daré.
Le second point de discorde concerne l’aspect financier du contrat. Alors que les rumeurs évoquent un salaire de 12 millions de FCFA pour Nibombé Daré et 14 millions pour le reste de son staff, ce dernier affirme n’avoir jamais reçu de notification officielle à ce sujet. Gilbert Halba, Conseiller en communication du Ministère des Sports et des Loisirs, a pourtant indiqué sur les antennes de Radio Lomé que les deux parties avaient trouvé un terrain d’entente sur le plan salarial.
« Il a fait une proposition, naturellement le ministère a fait des contre-propositions. Ce qui est convenu, c’est qu’il aura un salaire de 12 millions pour lui-même et 14 millions pour son staff. Ce qui fait un total de 26 millions de FCFA. En plus de cela, il aura des avantages sur son logement, les billets d’avion, la communication… », a-t-il précisé.
Néanmoins, Nibombé Daré conteste cette version et exprime son mécontentement quant à la divulgation publique des chiffres. Selon lui, ces informations, qu’il a découvertes dans la presse, ne reflètent pas les propositions faites lors des discussions avec la fédération et le ministère.
« D’abord, l’éthique ne permet pas de divulguer le salaire d’un entraîneur dans les médias. C’est une faute. Ce n’est pas éthique de dévoiler le montant du salaire du sélectionneur national en public. Mais laissez-moi vous dire que c’est dans la presse tout comme vous que j’ai appris que mon salaire serait 12 millions FCFA et 14 millions pour le reste du staff. Nous avons envoyé notre proposition à la fédération et au ministère des Sports, nous avons multiplié les réunions. Mais rien ne m’a été notifié officiellement. C’est dans la presse que j’ai découvert ce montant. Or, notre proposition est en deçà de ce que gagnaient mes prédécesseurs. Que ce soit au niveau du salaire ou au niveau des avantages dont certains ont été retirés voire divisés en deux, nous n’avons pas excédé ce que gagnaient les autres qui nous ont précédé. Je tiens aussi à informer l’opinion publique que dans mes prétentions salariales ou financières, je ne dépasse pas d’un franc CFA le montant que touchaient mes prédécesseurs », a déploré Nibombé Daré.
« Les interprétations font que les gens veulent nous opposer, le ministère, la fédération, Kader et moi. Alors que je ne pense pas que le football togolais a besoin de ça, on n’a pas besoin de ça dans ce sport qui unit tout le monde. Je suis emmené à expliquer des choses simples dans un environnement que les gens ont du mal à comprendre. Les interprétations qui suivent me découragent un peu. Je trouve qu’on doit quand-même emmener à changer certaines mentalités pour qu’on puisse évoluer dans le monde sportif de haut niveau qui s’impose à tous les nations » a ajouté Daré.
Le feuilleton autour de la nomination de Nibombé Daré à la tête des Éperviers semble loin d’être terminé. Dans l’attente de la signature officielle du contrat, l’on se demande si cette atmosphère n’est-elle pas décourageante pour réellement bien performer pour Nibombé Daré.