Tensions au Togo : WANEP alerte sur les risques d’escalade et de violences

À quelques heures des manifestations publiques qui se murmurent sur les réseaux et qui seraient prévues pour ce vendredi 6 juin 2025, le climat sociopolitique togolais est sous haute tension. L’inquiétude gagne du terrain, et le Réseau ouest-africain pour l’édification de la paix (WANEP-Togo) tire la sonnette d’alarme. Dans une déclaration rendue publique le 5 juin et signée par son coordonnateur national, Seyram Adiakpo, l’organisation prévient contre une éventuelle escalade de la crise si aucune mesure concrète d’apaisement n’est entreprise dans les plus brefs délais.

S’appuyant sur les données issues de son système d’alerte précoce et de prévention des conflits, le réseau indique avoir répertorié 448 incidents au cours de l’année 2024, et déjà plus de 115 incidents entre janvier et le 31 mai 2025. Des chiffres révélateurs d’une situation tendue, nourrie par un enchaînement de facteurs critiques que l’organisation estime préoccupants. « Les grandes crises sociopolitiques que le Togo a connues par le passé sont très souvent la conséquence d’une accumulation prolongée de tensions non résolues, sans véritables mécanismes d’apaisement », rappelle Seyram Adiakpo.

Parmi les sources de tensions identifiées par WANEP-Togo figurent notamment l’adoption en 2024 d’une nouvelle Constitution aux conséquences politiques majeures et fortement contestée par une partie de l’opinion publique, la nomination le 3 mai 2025 du président du Conseil, suivie de l’élection par le Congrès d’un président de la République à rôle essentiellement honorifique, une première dans l’histoire constitutionnelle du pays. S’y ajoutent l’arrestation de l’artiste engagé Essowè Narcisse Tchala, alias Aamron, le 26 mai 2025, à la suite de ses vidéos critiques sur les réseaux sociaux, lesquelles ont déclenché des vagues d’indignation tant en ligne que dans certains médias traditionnels.

À ces éléments s’ajoutent des facteurs socio-économiques tout aussi explosifs : la vie chère, les coupures récurrentes d’électricité, et la récente augmentation du prix du kilowattheure, qui a mécaniquement provoqué une flambée des prix des produits de première nécessité. Le mécontentement citoyen face à ces conditions de vie dégradées est palpable, et les appels à manifester se sont multipliés, notamment sur les réseaux sociaux et dans les rangs de la diaspora.

WANEP-Togo n’oublie pas non plus de mentionner la détention prolongée de plusieurs activistes politiques, dont Jean-Paul Omolou et Affectio, incarcérés depuis déjà très longtemps. Leur situation continue d’alimenter les tensions et d’aggraver le sentiment d’injustice ressenti par une partie de la population.

Dans ce contexte particulièrement inflammable, le réseau appelle à des actions urgentes pour prévenir une détérioration de la situation. Il recommande aux autorités togolaises de privilégier un dialogue constructif avec les différentes parties prenantes, notamment les forces politiques, la société civile et les citoyens. L’organisation insiste également sur la nécessité de garantir les droits fondamentaux, notamment la liberté d’expression, et de gérer les contrevenants dans le respect strict des lois et de l’éthique républicaine. « L’État de droit doit rester la boussole, même dans les contextes les plus complexes », souligne la déclaration.

WANEP-Togo va plus loin en proposant aux autorités d’envisager une amnistie des activistes politiques détenus, comme geste fort en faveur de la réconciliation et de la paix sociale. Par ailleurs, le réseau appelle les citoyens, les partis politiques, la diaspora et les organisations de la société civile à faire preuve de responsabilité et de retenue dans leurs actions et discours.