C’est un live TikTok qui n’est pas passé inaperçu. Devant des centaines d’internautes connectés, deux jeunes femmes togolaises ont livré un récit troublant, presque surréaliste, de leur récente mésaventure à Aného. Un témoignage déconcertant, à la fois brut et banal, qui expose une réalité sociale dérangeante : celle d’une prostitution camouflée, banalisée, parfois même institutionnalisée dans certains milieux urbains.
Selon les informations du confrère Lomé Actu, tout commence par une promesse alléchante : 200 000 FCFA en échange d’une “prestation sexuelle” avec un homme rencontré via des contacts. Originaire de Lomé, le duo se rend à Aného, une ville côtière à l’est de la capitale togolaise, avec l’espoir de repartir les poches pleines. Mais une fois sur place, après deux nuits d’attente et de promesses non tenues, elles se rendent compte de la supercherie.
Ce qui aurait pu rester une humiliation silencieuse devient un témoignage public. Devant la caméra de l’influenceur Togbévi Kpessé, les deux jeunes femmes racontent les détails de leur histoire : les allers-retours, la fausse promesse, l’absence de paiement. Mais surtout, elles dévoilent sans filtre les rouages d’un système dans lequel elles versent systématiquement 10 % de leurs gains à des “intermédiaires”, ceux qui les mettent en contact avec les clients.
Le ton est froid, presque mécanique. Aucune gêne, aucun remords. Et c’est justement ce détachement qui choque le plus. “On reverse une part, c’est la règle”, lâchent-elles. Une phrase qui sonne comme le reflet d’une réalité parallèle, où la marchandisation du corps n’est plus perçue comme une déviance, mais comme un arrangement économique parmi tant d’autres.
Cette banalisation interroge. L’affaire, rendue virale par les réseaux sociaux, a ouvert un débat sur l’ampleur silencieuse de ces pratiques au Togo. Si le phénomène de “sponsoring” ou de “transactions sexuelles” n’est pas nouveau, son exposition publique dans un live TikTok, avec un tel détachement émotionnel, marque un tournant.
Face à un chômage massif des jeunes, une pression économique écrasante et une quête effrénée de réussite rapide, certains observateurs y voient le symptôme d’une société où les repères moraux s’effacent au profit de la débrouillardise à tout prix.