Togo : le Synjit dénonce l’interpellation du journaliste Albert Agbeko

Alors que le Togo vit au rythme de la révision des listes électorales entamée depuis le 7 avril 2025 en prélude aux élections municipales à venir, un incident survenu à Tsévié a ravivé le débat sur les conditions d’exercice du journalisme dans le pays. Le Syndicat National des Journalistes Indépendants du Togo (SYNJIT) a en effet dénoncé avec vigueur l’interpellation, mardi, de M. Albert Agbeko, directeur de publication du site Togo Scoop, alors qu’il couvrait les opérations de recensement à l’école primaire catholique Saint-Jean de Tsévié.

 

Selon les informations rapportées par le syndicat, le journaliste, en reportage, documentait le déroulement des activités électorales à l’aide de photographies prises sur les lieux. Il s’était pourtant formellement identifié, carte de presse en main, et avait informé le président du Comité de Liste et Carte (CLC) ainsi que son rapporteur, présents sur le site. Malgré cela, un agent de police en faction aurait exigé qu’il supprime toutes ses images avant de le conduire au commissariat, escorté par un dispositif sécuritaire renforcé, en compagnie du président du CLC.

 

« Ce scénario n’est que la résultante des réalités bien tristes que vivent le plus souvent les journalistes sur le terrain », déplore le SYNJIT dans un communiqué. Pour l’organisation, cette interpellation est non seulement injustifiée, mais elle s’apparente à une « tentative d’intimidation » et constitue une entrave grave à la liberté de la presse, particulièrement dans un contexte électoral où la transparence et l’accès à l’information doivent être garantis.

 

Le syndicat a rappelé que les centres de recensement ne sont pas des zones sensibles ou interdites à la couverture médiatique. « Les journalistes ont pour mission d’informer l’opinion publique et de garantir, par leur travail, la transparence du processus électoral », insiste le SYNJIT, qui redoute une multiplication de ce type d’incident au détriment du climat de confiance nécessaire au bon déroulement des scrutins.

 

Tout en saluant le sang-froid et l’attitude conciliante du commissaire de police Messan Alofa, intervenu pour désamorcer la situation, le SYNJIT interpelle fermement la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Il appelle l’institution à sensibiliser davantage les présidents de CLC et leurs équipes sur le rôle des médias et la nécessité de collaborer avec eux, dans le respect mutuel des responsabilités de chacun.

 

L’appel s’adresse également à la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), à qui le syndicat demande d’assumer pleinement sa mission de protection des journalistes et de régulation des rapports entre les professionnels des médias, les institutions et les forces de sécurité, surtout dans ce moment critique où la presse doit pouvoir jouer son rôle sans subir d’entraves.

 

Dans un pays où les échéances électorales sont souvent accompagnées de tensions politiques et sociales, la liberté de presse reste un pilier essentiel du processus démocratique. Pour le SYNJIT, « la mission d’information confiée aux journalistes est un bien précieux ». Et si chaque interpellation arbitraire envoie un signal d’alerte, elle rappelle surtout que la qualité de l’information et la sérénité du climat électoral sont les garants de la crédibilité des institutions républicaines. La vigilance reste donc de mise alors que la révision des listes électorales se poursuit dans les différentes zones du pays jusqu’au 23 avril 2025.

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