Tumulte au sein de la Franc-maçonnerie togolaise : les dissidents défient l’ordre établi

Une scission inattendue secoue la Grande Loge nationale togolaise (GLNT), branche de la Franc-maçonnerie au pays. Le 1er mars dernier, un groupe de “frères rebelles” dirigés par l’ex-grand maître Joseph Kossi Kpelly Hukporti a intronisé Yiva Kodjo Badohu comme grand maître, défiant ainsi les plans de la direction en place à en croire les révélations du journal Jeune Afrique.

 

L’exclusion de Badohu de la GLNT en 2020 par le grand maître Ignace Anani Kokouvi Clomegah, décédé en février 2023, n’a pas empêché ce dernier de se révolter contre la hiérarchie établie. Accompagné d’Issaka Yamba Pessinaba, également exclu et acteur clé de la crise interne, Badohu a tenté un coup de force pour reprendre le contrôle de l’organisation.

« Les maçons de la Grande Loge nationale togolaise (GLNT) ne s’attendaient pas à un tel scénario. Alors qu’ils préparaient I’installation, d’ici à septembre, de Julien Pitassa Kao comme grand maitre, ils ont été devancés par une branche dissidente. Le 1er mars, dans le quartier Cité OUA à Lomé, un groupe d’une vingtaine de « frères rebelles », dont l’ex-grand maitre (2005-2008) Joseph Kossi Kpelly Hukporti, se sont réunis afin d’installer un autre grand maitre: Yiva Kodjo Badohu. Celui-ci, par ailleurs vice-président du Conseil national du patronat du Togo, avait été radié en 2020 par le très respectable grand maître lgnace Anani Kokouvi Clomegah, décédé en février 2023. tente donc une opération de la dernière chance, avec le soutien dlssaka Yamba Pessinaba. Lui aussi banni, ce dernier est l’un des acteurs de la crise que traverse la GLNT. Retour en 2016. un an de la fin de son mandat, le grand maître Roggy Kossi Paass (et ancien directeur général chargé du Togo à la Banque internationale pour ľ’Afrique de l’Ouest) prépare sa suite. fait le choix de favoriser William Bolouvi, le beau-père du président Faure Essozimna Gnassingbé, et contrevient ainsi à une règle non écrite selon laquelle son successeur aurait dû être son adjoint, Adrien Bebessiki. Soutenu par plusieurs autres frères, ce dernier s’élève contre cette décision. » lit-on chez Jeune Afrique.

Toujours selon le journal susmentionné, les racines de cette scission remontent à 2016, lorsque le grand maître de l’époque, Roggy Kossi Paass, a favorisé William Bolouvi comme successeur, contournant ainsi la tradition voulant que son adjoint, Adrien Bebessiki, prenne sa place. Ce choix a déclenché une querelle interne, aboutissant à la démission de Bolouvi et à l’accession de Clomegah à la tête de la GLNT en 2018.

 

Malgré les efforts de Clomegah pour unifier la loge, la dissidence menée par Pessinaba a persisté, entraînant un affrontement judiciaire. Clomegah a finalement été reconnu officiellement comme grand maître, mais la paix a été de courte durée.

 

Après le décès de Clomegah, l’intérim a été confié à Julien Pitassa Kao, dans l’attente de son installation prévue en septembre 2023. Cependant, les dissidents ont agi avant, proclamant Badohu grand maître lors d’une réunion interdite par le ministre de l’Administration territoriale.

«  Reconduit en 2021, Ignace Anani Kokouvi Clomegah a définitivement clos le débat, en étant reconnu à la fois par le ministère de l’Administration territoriale, puis par la Grande Loge unie d’Angleterre. Issaka Yamba Pessinaba a tenté le tout pour le tout en saisissant la Cour suprême, mais il a été débouté. La GLNT a enfin connu un moment de répit. Mais au lendemain du décès de Clomegah, I’adjoint de celui-ci, Julien Pitassa Kao, a été désigné pour assurer l’intérim. Son installation, prévue en septembre 2023, a été repoussée à sa demande. souhaitait en effet mener une opération de réconciliation avec les maçons dissidents. Sauf que ces derniers ont donc joué leur va-tout le 1er mars en proclamant Yiva Kodjo Badohu grand maitre, lors d’une réunion pourtant interdite par le ministre de l’Administration territoriale, Hodabalo Awaté. Une « agitation inutile », telle que l’a qualifiée la branche légale et reconnue, conduite par Julien Pitassa Kao, qui, conforté par les décisions de justice, attend donc dếtre installé en septembre. D’ailleurs, le 23 février dernier, à Mpila, au Congo-Brazzaville, il a participé à la réunion de création de la communauté des Grandes Loges régulières du monde francophone. La session a été présidée par le chef de I’État, Denis Sassou Nguesso, grand maitre de la Grande Loge du Congo » ajouté JA.

Cette agitation a été rejetée par la faction légale de la GLNT, dirigée par Kao, qui compte sur les décisions judiciaires pour rétablir l’ordre en septembre. Kao, soutenu par des instances internationales telles que la récente communauté des Grandes Loges régulières du monde francophone, reste déterminé à restaurer la stabilité dans la loge togolaise.

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