Accès aux soins de santé maternelle au Togo : Amnesty International dénonce le manque de personnel et d’équipement

Encore trop de parturientes et de nouveau-nés meurent au Togo selon Amnesty International qui dénonce lundi le manque de personnel et d’équipement médical dans certains établissements de santé du pays obligeant des femmes à accoucher à même le sol. À l’occasion de la journée internationale de la femme africaine célébrée le 31 juillet 2023, l’organisation a partagé le rapport d’un mini-sondage en ce sens.

 

Se référant aux données de l’UNICEF, le taux de mortalité infantile au Togo est de 43 décès pour 1.000 enfants nés vivants, et le taux de mortalité néonatale, concernant les nourrissons morts avant d’avoir atteint l’âge de 28 jours, est de 24 décès pour 1.000 enfants nés vivants. Quant à la mortalité maternelle, le taux est également élevé au Togo, avec 399 décès de mères pour 100.000 naissances vivantes.

Aux mois de février et mars 2023, une délégation d’Amnesty International a mené des entretiens avec 21 personnes, dont 13 patientes, quatre sages-femmes et quatre médecins, dans cinq établissements de santé situés à Lomé et à Aného.

 

Entre l’institution du programme Wezou et la réalité du terrain, un contraste

D’après l’organisation de défense des droits de l’Homme dans la plupart des établissements de santé, la délégation a observé ” un manque de personnel, des équipements délabrés et une mauvaise qualité des soins “.

Par conséquent, les quelques sage-femmes employées par ces services avaient beaucoup de mal à faire face à une charge de travail estimée excessive. Trois sage-femmes auraient dit à Amnesty International qu’elles étaient parfois de garde pendant plus de 15 heures. Il est également confié le nombre très restreint de gynécologues dans les hôpitaux publics. Le Togo ne compte que deux sage-femmes pour 10.000 habitantes selon le Fonds des Nations unies pour la population.

De l’avis d’une gynécologue, les gynécologues sont souvent épuisés. ” Nous sommes à la fois en consultation, au bloc, sur les accouchements compliqués… Pour cette raison, les gynécologues sont rares dans le public. Ils vont dans le privé pour gagner à hauteur de l’énergie investie. Par exemple, il n’y en a que deux à l’hôpital public de Bè. Dans certains centres, il y a des blocs mais pas de gynécologues “, a déclaré l’agent de santé.

Le Secrétaire général du Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo (SYNOHOT), Gilbert Tsolényanu avait entre temps indiqué que sur les 127 gynécologues inscrits à l’Ordre national des médecins du Togo, seuls 25 travaillaient dans des hôpitaux publics.

Des tables d’examen en piteux état dans la salle de consultation anténatale, manque de lampes scialytiques, utilisation de la lampe torche de téléphone portable pendant les consultations, une seule table d’accouchement pour tout un CMS public, disfonctionnement de plusieurs appareils et instruments ou en nombre insuffisant, accouchement des femmes au sol, des relations tendues entre le personnel et les patientes, etc. Voilà autant de manquement recensés par la délégation d’Amnesty International lors de son enquête.

Toutes ces observations ont été faites alors même que le Togo a rendu opérationnel depuis plusieurs mois déjà, le programme «Wezou» dont la vision est de procurer aux femmes enceintes, de meilleures prises en charge surtout financières afin de réduire les taux de mortalité maternelle et néonatale dans le pays.

Dès lors qu’il y a un décalage entre les meilleures conditions d’accouchement que prône le programme Wezou et la réalité du terrain malgré son opérationnalisation, le contraste doit être corrigé.

Les autorités togolaises ont pris des initiatives pour rendre plus abordables les soins de santé maternelle, mais il est essentiel qu’elles mettent en place de nouvelles mesures pour que les femmes enceintes puissent accoucher de façon digne dans des établissements où elles recevront une aide et des soins appropriés “, préconise le Directeur d’Amnesty International Togo, Aimé Adi.

Il convient de noter que le droit à la santé est garanti par l’article 12 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, l’article 16 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, l’article 14 de son protocole additionnel relatif aux droits des femmes, et l’article 16 de la Constitution togolaise.

Quant à l’article 97 du Code de la santé du Togo, il prévoit que ” toute femme enceinte a le droit de bénéficier d’un bon suivi de sa grossesse, d’un accouchement sécurisé et de soins postnatals aussi bien pour elle-même que pour son enfant “.

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