Il est indéniable et connu de tous que le président togolais Faure Gnassingbé s’est imposé ces derniers mois comme un médiateur incontournable dans les crises qui secouent l’Afrique de l’Ouest et la CEDEAO. Le Niger, le Burkina Faso, la Guinée et le Mali ont tous fait appel à ses services pour tenter de trouver une issue aux transitions politiques complexes qui les affectent. Les récents problèmes énergétiques secouant l’Afrique de l’ouest sont au menu de discussions entre les pays comme le Burkina, le Mali, le Niger, le Togo et le Tchad qui réfléchissent ensemble à une collaboration. Pour plusieurs, la position de Faure Gnassingbé à l’endroit des pays du Sahel fait de lui aujourd’hui l’ami de plusieurs et du Togo un partenaire privilégié à qui les portes sont ouvertes, même si certains y voient plutôt une médiation aux intérêts cachés et inavoués.
Certains observateurs saluent son engagement et sa capacité à dialoguer avec les différents acteurs. Son expérience à la tête du Togo, un pays lui-même autrefois marqué par des années de tensions politiques, lui confère une certaine crédibilité.
D’autres, cependant, s’interrogent sur ses motivations. Le président togolais est lui-même au pouvoir depuis plus de 15 ans et a été critiqué pour ses violations des droits humains et ses restrictions des libertés publiques. Ses interventions dans les pays voisins pourraient être vues comme une tentative de redorer son image et de se positionner comme un leader régional incontournable.
Il est également possible que Faure Gnassingbé cherche à protéger ses propres intérêts. Et selon des avis, quelles que soient ses motivations, la médiation de Faure Gnassingbé est loin d’être une simple question d’altruisme. Il y a un certain nombre d’intérêts géopolitiques et économiques en jeu, et les discussions des ministres en charge de l’Energie du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Tchad et du Togo qui se sont entendus le samedi 17 février 2024, à Niamey, sur comment travailler en synergie afin de parvenir rapidement à une meilleure autonomie de leurs pays en matière d’énergie, « sur un effort commun », donne raison à ces derniers avis.
En effet, la question de l’énergie a été identifiée comme l’une des équations majeures que les États africains doivent résoudre pour stimuler leur décollage économique et assurer le bien-être de leurs citoyens. Les ministres en charge de l’énergie de l’Alliance des Etats du Sahel, du Tchad et du Togo se sont réunis pour discuter de la consolidation de la collaboration énergétique déjà existante et explorer des initiatives clés telles que le projet “Desert to Power”. L’objectif est d’assurer une meilleure autonomie énergétique grâce à des efforts communs. L’initiative Desert to Power, soutenue par la Banque Africaine de Développement (BAD), prévoit la construction d’installations de production solaire d’une capacité totale de 10 gigawatts. Ce projet vise à fournir de l’énergie à la région du Sahel ainsi qu’au Togo, bénéficiant ainsi à environ 250 millions de personnes.
Il faut noter que la rencontre a abouti à l’adoption et à la signature du protocole d’accord sur la fourniture de gasoil par le Niger au Burkina Faso, au Mali et au Tchad. Quant au Togo, les discussions se poursuivent selon un communiqué conjoint. Le Togo a participé à cette réunion sur invitation du Niger et ne fait pas partie de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette clarification a été faite par les autorités nigériennes, soulignant qu’il n’y avait aucun lien entre cette rencontre et une quelconque intention d’intégration du Togo ou du Tchad à l’Alliance des États du Sahel.
Mais cela ne suffit pas pour clarifier le fait que la médiation du Togo concernant la transition dans ces pays susmentionnés ne soit entachée d’un quelconque intérêt. Patrice Talon, lors d’un récent point de presse avait déjà mentionné l’intérêt pour le Togo ne pas avoir respecté les sanctions économiques contre ces pays particulièrement le Niger. Le Togo à cette allure ne se fait pas que des amis.