Eclairage public : Quelle politique de suivi et d’entretien des lampadaires solaires ?

Le Togo a réorienté sa politique d’éclairage public vers l’installation de lampadaires solaires photovoltaïque. Pays très ensoleillé, cette politique relève d’un coup de maître pour relever les défis liés à l’éclairage public. Elle permet dans un premier temps de réduire voire neutraliser la facture salée de l’éclairage public par rapport aux lampadaires alimentés par l’électricité courante. Ensuite, le déploiement des lampadaires solaires favorise une prise de hauteur vis-à-vis des contraintes des infrastructures. Dans les régions non encore desservies par l’électricité produite, le gouvernement a réussi à installer des milliers de lampadaires solaires, au grand bonheur des populations rurales, en l’occurrence des élèves dans ces localités qui ont profité de ce joyau rare en campagne utilisé comme moyen d’éclairage pour étudier leurs leçons. Cependant, cette initiative souffre d’un mal profond qui tend à annihiler la beauté et la splendeur que revêt l’éclairage public à travers les solaires photovoltaïques : une probable inadéquation des technologies et du matériel utilisé pour la desserte de l’éclairage public, aggravé par un patent manque de politique d’entretien. Cet état des lieux pousse le citoyen à s’interroger sur la pertinence des investissements colossaux consentis dans le secteur.

En effet, selon le ministère togolais de l’énergie, 7 042 lampadaires solaires photovoltaïques ont été installés au Togo, rien que dans le compte de la Société africaine des biocarburants et des énergies renouvelables (SABER). Dans le cadre du Programme d’urgence et de développement communautaire (PUDC), le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) avait initié l’installation de 10 000 lampadaires solaires à travers le pays. L’année dernière, l’organisation onusienne lançait le recrutement de consultants qui devraient aider pour le contrôle et le suivi des travaux d’installation de 6 894 lampadaires alimentés à l’énergie solaire dans les régions du pays.

Cette procédure du PNUD, démontre que cet impressionnant déploiement d’infrastructures pour l’éclairage public écologique, faisait l’objet d’une procédure stricte, et donc ne devrait pas relever d’un travail bâclé. Or, la réalité sur les installations déjà faites est sidérante et frôle la déception totale.

À peine 3 lampadaires solaires photovoltaïques sur 10 travaillent encore, quelques mois après

De Lomé à Cinkassé, le constat reste le même. Au bout de quelques mois, les lampadaires s’éclipsent un à un, emportant l’enthousiasme et l’espoir créé chez les populations. Partout dans les contrées, il ne reste plus que des poteaux métalliques blancs portant des ampoules géantes qui n’éclairent plus. Quelques rares endroits connaissent des suivi et réparations, mais la plupart des installations solaires à l’intérieur du pays restent inactives peu de temps après le déploiement.

On peut déjà se faire l’idée que les autorités locales (les préfectures, communes et cantons) qui ont bénéficié de ces infrastructures dans le cadre de la politique du gouvernement, n’ont pas grande expérience en termes de gestion de ces joyaux. Généralement, ils ne connaissent même pas la procédure qui a conduit à l’installation de ces lampadaires, ni le nom de la société ayant procédé à l’installation, encore moins la procédure de suivi et d’entretien. Et même s’ils connaissent la procédure, autant s’interroger sur les mesures financières adoptées en amont pour le suivi et l’entretien des lampadaires solaires.

Généralement, les bénéficiaires ne sont sensibilisés que sur un élément clé : ils ont reçu les lampadaires grâce à la vision du chef de l’Etat qui se soucie des populations. Pas plus ! Dès lors, les investissements colossaux déployés pour ces infrastructures d’éclairage public font l’objet d’interrogation et de frustrations. Cela pousse à s’interroger sur toute la politique des lampadaires solaires photovoltaïques, le choix des prestataires en la matière, mais surtout la qualité du matériel utilisé à cet effet.

Est-ce que le matériel utilisé pour les lampadaires solaires au Togo, est adapté à nos conditions climatiques (très chaud soleil, fortes pluies, vents secs et poussiéreux, etc…) ? Quelle est la durée de vie initiale de ces lampadaires qui peinent généralement à faire un an, et quelles sont les politiques de suivi et d’entretien ? Autant de questions qui doivent interpeller les autorités à auditer leurs plans en la matière, afin d’éviter un gaspillage systématique des ressources publiques, mais surtout éviter de donner de faux espoirs aux populations, surtout les Togolais des zones rurales qui comptent sur cette technologie et espèrent beaucoup retrouver tant d’espoir suscité par ces lampadaires solaires.

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