Interdiction des téléphones portables dans les écoles : une réponse aux dérives numériques ?

Le paysage éducatif au Togo s’apprête à subir une transformation majeure avec l’interdiction totale de l’usage des téléphones portables par les élèves, dans les établissements scolaires publics et privés. En effet, l’omniprésence des téléphones portables a bouleversé nos modes de vie, y compris au sein des établissements scolaires. Si ces appareils offrent de nombreux avantages, leur utilisation en classe soulève de vives interrogations et suscite de nombreuses controverses.

 

Ainsi donc partir du 16 septembre 2024, les élèves devront se plier à cette nouvelle mesure, imposée par une note interministérielle signée par Dodzi Kokoroko, ministre des Enseignements primaire et secondaire, et Isaac Tsiakpé, ministre de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle. Cette décision, en réponse à la baisse notable des performances scolaires, met l’accent sur les dérives liées à l’utilisation des smartphones et leur impact négatif sur la concentration et l’apprentissage.

 

D’un côté, les smartphones peuvent être utilisés comme des outils d’apprentissage, en permettant aux élèves d’accéder à une multitude d’informations en ligne, de réaliser des recherches et de travailler en collaboration sur des projets. Les téléphones permettent aux élèves de communiquer facilement avec leurs parents, notamment en cas d’urgence ou pour organiser les activités extrascolaires. L’utilisation des smartphones prépare les élèves à un monde de plus en plus digitalisé, où les compétences numériques sont essentielles.

 

De l’autre côté, Les smartphones sont une source de distraction majeure en classe. Les élèves peuvent être tentés de consulter leurs réseaux sociaux, de jouer à des jeux ou d’envoyer des messages pendant les cours, ce qui nuit à leur concentration et à leur apprentissage. Les smartphones facilitent la tricherie lors des examens et des devoirs. Les élèves peuvent consulter des cours en ligne, communiquer avec d’autres élèves ou utiliser des applications de calcul. Les réseaux sociaux et les applications de messagerie instantanée peuvent être utilisés pour diffuser des rumeurs, harceler ou humilier d’autres élèves. L’utilisation excessive des smartphones peut entraîner une addiction et des problèmes de santé mentale, tels que l’anxiété, la dépression et les troubles du sommeil.

 

Ce sont là des arguments justifiants la décision interministérielle. L’interdiction vise non seulement à limiter les distractions causées par les téléphones en classe, mais aussi à lutter contre les problèmes éthiques comme le cyberharcèlement, de plus en plus préoccupants. Dans le contenu du décret interministériel, l’usage des téléphones pour des appels, des messages ou toute autre manipulation, qu’elle soit bruyante ou silencieuse, est désormais prohibé pendant toute la durée de la présence des élèves dans l’établissement, y compris en dehors des heures de cours. Les contrevenants verront leurs téléphones confisqués sans espoir de restitution.

 

Cependant, des exceptions sont prévues pour des situations d’urgence nécessitant l’alerte des secours ou de proches pouvant fournir une assistance, ainsi que pour certaines activités pédagogiques encadrées par le personnel scolaire. Cette flexibilité vise à ne pas freiner l’utilisation des outils numériques dans un cadre éducatif approprié.

 

Les autorités soulignent également l’interdiction stricte pour les élèves de créer, publier ou diffuser des contenus indécents ou portant atteinte à la dignité d’autrui sur les réseaux sociaux. Toute infraction entraînera des sanctions disciplinaires sévères, allant jusqu’à des mesures rigoureuses en fonction de la gravité des faits. Cette décision fait écho à l’essor du cyberharcèlement dans les écoles, un fléau qui ternit l’image des établissements et compromet la dignité des élèves.

 

Le personnel scolaire est, lui aussi, invité à montrer l’exemple en limitant l’usage des téléphones à des fins purement pédagogiques. Il sera chargé de sensibiliser régulièrement les élèves aux dangers d’une mauvaise utilisation des smartphones, en insistant sur le respect de la vie privée et la dignité d’autrui.

 

Si cette interdiction semble répondre à des dérives bien réelles, elle soulève la question de l’éducation numérique. D’autres voix s’accordent à dire que les élèves doivent être formés à un usage responsable des outils numériques. Sensibiliser les jeunes aux risques du numérique et les accompagner vers une utilisation éthique des téléphones est tout aussi crucial que la répression des comportements inappropriés.

 

Le débat autour de l’usage des smartphones dans les écoles ne fait que commencer, mais une chose est claire, au Togo, cette mesure radicale reflète une volonté des autorités de reprendre en main la qualité de l’apprentissage tout en protégeant la dignité et le bien-être des élèves. L’on se souvient très aisément d’un élève dans un collège de la région de la Kara qui a s’est filmé pendant que son professeur dispensait le cours et a ensuite posté la vidéo sur les réseaux sociaux. Cette mesure est une réponse directe à ce genre de dérives.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *