Oui pour la gratuité de la prise en charge de la femme enceinte ! Mais dans quel centre de santé de qualité ?
Le mandat du social commence-t-il à avoir un visage concret au Togo ? C’est en tout cas ce qui ressort du récent conseil des ministres du gouvernement togolais sous le leadership du chef de l’État, Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, le 25 novembre dernier. En effet, il a été décidé la mise en place du programme de gratuité de la prise en charge de la femme enceinte au Togo. Une promesse de campagne que le candidat du parti ‘’Union pour la République’’ veut réaliser. Cette décision fait suite à la suppression des frais d’examens actée par le conseil des ministres du 18 novembre 2020. C’est donc une véritable course contre la montre de l’équipe de madame Victoire Tomegah Dogbé pour consolider les acquis du précédent mandat social de Faure Gnassingbé.
« L’objectif principal de ce programme qui concrétise un engagement du chef de l’État est de réduire la mortalité maternelle et néonatale », renseigne le communique du Conseil des ministres. Ainsi, dans le cadre du programme qui sera mis en œuvre essentiellement dans les unités de soins périphériques, quatre (04) catégories de prestations seront couvertes. Il s’agit de la planification familiale, la consultation prénatale, l’accouchement et la césarienne.
Ce programme dont le coût de mise en œuvre est estimé à 7,140 milliards de francs CFA pour l’année 2021 démarrera dans les plus brefs délais par une campagne active et renforcée de planning familial avec l’appui des agents de santé communautaire et l’implication des populations à la base afin d’inciter à l’espacement des naissances.
C’est donc un ouf de soulagement pour les femmes enceintes des coins reculés du Togo pour qui donner naissance n’est pas une tasse de thé. En effet, nombre de femmes enceintes faute de moyens financiers font abstraction des soins de consultation prénatale. Une situation qui se solde souvent par des complications à l’accouchement, ou au pire, la perte du nouveau-né et/ou de sa maman.
Si cette décision est saluée par beaucoup, plusieurs sceptiques s’interrogent sur le suivi qui sera fait de cet engagement de campagne. Ces derniers n’en veulent pour preuve que la réalité des faits dans le cadre de la gratuité de la césarienne et la gratuité de l’école des cours primaires où d’un comme de l’autre côté, d’autres frais sont exigés par les prestataires aux bénéficiaires, comme pour ainsi dire que ce qu’on vous donne par la main droite est repris par la main gauche.
Gratuité dans des hôpitaux de quelle qualité ?
La question vaut tout son pesant d’or quand l’on sait les conditions déplorables abjectes dans lesquelles les togolais se soignent. Si les centres de santé sont rudimentaires à l’intérieur du pays et dans les zones reculées où l’on en cherche comme des aiguilles dans une botte de foin, Lomé, la capitale n’est pas mieux lotie. Alors que l’hôpital de référence aux normes internationales prévu pour sortir de terre en juin 2020 n’est pas encore au bout de ses peines, et que le centre hospitalier universitaire Sylvanus Olympio se qualifie par le commun des mortels comme un mouroir où nombres de patients entre la tête en avant et en ressortent les pieds devant, il y a de quoi être sceptiques sur les bons soins qui seront administrés aux femmes enceintes. Si pour des services payants l’on est logé à la mauvaise enseigne, qu’en sera-t-il pour les soins gratuits ?
Au vu de ce qui précède, l’on comprend aisément donc que tous les secteurs au Togo sont urgents et prioritaires. Toutefois, il faudra pour le gouvernement d’éviter de faire du neuf avec du vieux au risque que toutes les actions soient considérées comme des coups d’épée dans l’eau.