Conférence des evêques du Togo : L’Eglise catholique définitivement déchirée par la crise politique?

 Du cinglant courrier de Monseigneur Philippe Kpodzro en date du 18 janvier dernier, et de la réponse des prélats un mois et demi plus tard, on peut retenir que les cadres de l’Eglise catholique n’ont pas réussi à apaiser le cœur de leur aîné. Dans le communiqué sanctionnant la première session ordinaire de l’année 2021, la Conférence des Evêques du Togo (CET) semble privilégier le silence, les prières et la culture des bonnes relations avec Mgr Kpodzro. Ce dernier était pourtant engagé pour la vérité à tout prix de la part de son fils Barrigah Nicodème, accusé d’être envoyé par le parti au pouvoir chez la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) pour un deal.

Si le clergé, l’opinion et autres critiques ont pris les premières accusations de Mgr Kpodzro pour les délires d’un vieux prélat, ce dernier dans son courrier public du 18 janvier a mis la barre haute. “Pourquoi devrais-je mentir pour te faire du mal ?”, interroge l’ancien archevêque à l’endroit de Monseigneur Nicodème Barrigah.

Voudras donc tu insinuer que je serais en train de mentir dans ton compte en affirmant que tu as envoyé feu le Père Etienne Amouzou me porter la lettre dans laquelle tu m’informais du rôle de médiateur dont t’aurait chargé le pouvoir sortant de Faure Gnassingbe, par l’intermédiaire de Gilbert Bawara et l’ancien ambassadeur Français au Togo, Marc VIZI, en vue de trouver une sortie de crise amiable au contentieux post-électoral né des résultats controversés du scrutin du 22 février 2020 ?”, persistait Mgr Kpodzro. Le patriarche avait par moult démonstrations soutenu sa thèse, appelant Mgr Barrigah à se faire violence pour la manifestation de la vérité. Cette lettre avait également sonné la fin de la récréation à tous les autres prêtres qui prenaient la défense de l’archevêque métropolitain de Lomé, lui terré dans un silence retentissant.

Choqués des “accusations et diffamations” du confrère aîné

A travers le communiqué de la CET, les prélats s’estiment diffamés par les accusations de la DMK et précisément celles de leur aîné Kpodzro. Ils répondent par la même version selon laquelle l’archevêque de Lomé aurait été “approché le 07 avril 2020 par un membre de la DMK pour solliciter une intervention en vue d’éviter une arrestation de M. Agbeyomé Kodjo”. L’organisation regrette que cette démarche à laquelle Mgr Barrigah a accédé finisse par être interprétée comme si ce dernier aurait été envoyé par Faure Gnassingbé pour négocier un deal pour que  la DMK renonce à la contestation électorale.

Les évêques restent convaincus que le silence est d’or et que le dialogue constitue la voie royale de la paix, ils ont invité l’archevêque de Lomé à continuer, comme il le fait déjà, d’éviter toute intervention sur les médias et les réseaux sociaux à ce propos.”  Par ailleurs, les prélats se disent choqués par les messages de leur confrère et aîné dans l’épiscopat Monseigneur Kpodzro, au sujet de Mgr Barrigah sur les réseaux sociaux”. Ils exhortent ce dernier à garder contact personnel avec son aîné dans l’épiscopat Mgr Kpodzro et qu’il cherche par tous les moyens à cultiver le dialogue.

Alors que les vrais instigateurs de la crise politique sont passés à d’autres priorités depuis lors, l’église se retrouve au carrefour des haines et malentendus. Dès lors,  la CET invite les Togolais  à la retenue et à la culture de la paix. “Aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche; mais s’il en est besoin, que ça soit une parole bonne et constructive, profitable à ceux qui vous écoutent” (Ephésiens 4,29); c’est avec ce passage biblique que la CET exhorte le peuple à se garder des médisances.

 Vérité mise sous cap?

Quid de la vérité, s’interrogent-on depuis le début de ce feuilleton entre prélats. Au-delà des attitudes religieuses, la question de la lutte politique pour l’alternance revêt une importance pour une bonne partie des Togolais qui se trouve dès lors bernée de tous les côtés, que ce soit l’opposition, la société et finalement l’église où les mêmes démons de la discorde et des secrets prennent le dessus de la vérité. A cette allure, y aurait-il une lueur d’espoir? La question pend!

De l’autre côté, la Conférence des Évêques du Togo manifeste sa reconnaissance au gouvernement pour la gestion de la crise de la Covid-19 et surtout la réouverture partielle des églises sur l’ensemble du territoire. Néanmoins, la CET plaide pour la réouverture totale des églises. Préoccupée par l’augmentation des cas de contamination de la Covid-19, elle invite les populations à davantage de respect des mesures barrières et le gouvernement à donner davantage d’explications pour susciter l’adhésion des populations au vaccin annoncé.

 

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