Média : Les emprisonnements de journalistes atteignent leur plus haut niveau (CPJ et RSF)

Les bilans annuels des exactions commises contre les journalistes dans le monde, publiés récemment par le Comité de protection des journalistes (CPJ) et Reporter sans frontières (RSF), établissent un nombre record de journalistes en détention en 30 ans. 

 

Les deux rapports rendus publics le 14 décembre 2022 signalent l’atteinte d’un nouveau record mondial, avec une augmentation de 20 % des détentions par rapport au l’année précédente, qui à son tour avait déjà enregistré une croissance de 20% par rapport à 2020.

Si le CPJ dénombre 363 emprisonnés en relation avec leur travail jusqu’au 1er décembre, le nombre pour RSF est beaucoup plus élevé, incluant également les non-professionnels à 533 ; soit 45 de plus que les 488 recensés par RSF en 2021.

Selon la directrice de la rédaction du CPJ, Arlene Getz, ” Au cours d’une année marquée par les conflits et la répression, les dirigeants autoritaires ont redoublé d’efforts pour criminaliser les reportages indépendants, recourant à une cruauté croissante pour étouffer les voix dissidentes et nuire à la liberté de la presse.”

Le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, a pour sa part déclaré que ” Les régimes dictatoriaux et autoritaires effectuent un remplissage accéléré de leurs prisons en incarcérant des journalistes. Ce nouveau record du nombre de journalistes détenus confirme l’impérieuse et urgente nécessité de résister à ces pouvoirs sans scrupules et d’exercer notre solidarité active avec tous ceux qui portent l’idéal de liberté, d’indépendance et de pluralisme de l’information”.

Les cinq premiers pays geôliers cette année sont l’Iran, la Chine, le Myanmar, la Turquie et la Biélorussie. Le nombre record de journalistes en prison est “une crise qui reflète l’érosion de la démocratie à l’échelle mondiale”, estime la présidente du CPJ, Jodie Ginsberg.

 

Cas de l’Afrique subsaharienne

Sur le continent africain, il y a au moins 56 reporters privés de liberté, plus de la moitié en Égypte (21). Cependant, en Afrique subsaharienne, l’Erythrée demeure le pays qui emprisonne le plus de journalistes dans la région, il se classe au neuvième rang mondial avec 16 détenus.

En effet, ” Les 16 journalistes présents dans ses cellules sont détenus sans procès ni accès à leur famille ou à leurs avocats pendant des périodes allant de 17 à 22 ans”, rapporte le CPJ.

Le Cameroun, 13ème mondial est décrit comme figurant dans le recensement des journalistes emprisonnés tous les ans depuis 2014. Il est ” le deuxième pays qui emprisonne le plus de journalistes dans la région, avec cinq détenus de manière arbitraire dans le cadre d’un système judiciaire opaque qui prévoit le recours à des tribunaux militaires pour poursuivre les journalistes, qui sont des civils au regard du droit international.”

L’ Éthiopie, qui occupait l’an dernier juste derrière l’Érythrée en tant que le deuxième pays emprisonnant le plus de journalistes dans la région, ne comptait qu’un seul journaliste en prison lors du recensement de cette année. Mais, ce journaliste a été libéré sous caution après la date du recensement du 1er décembre.

Il est indiqué que le nombre de prisonniers dresse un portrait trompeur de la liberté de la presse en Afrique subsaharienne.

Ainsi, le Rwanda enregistre 4 prisonniers devant le Maroc (3) et la République démocratique du Congo (2).

 

Autres chiffres marquants de 2022

Dans son rapport, RSF a également avancé d’autres chiffres sans précédent. “Jamais, non plus, RSF n’avait enregistré un nombre aussi élevé de femmes journalistes emprisonnées”, souligne t-on.

Elles sont actuellement 78 à payer de leur liberté, le prix de leur engagement. On remarque une hausse historique de près de 30 % par rapport à 2021. Les femmes journalistes représentent désormais près de 15 % des détenus, contre moins de 7 % il y a cinq ans.

RSF fait également état d’une nouvelle augmentation du nombre de journalistes tués dans le monde (57), avec 65 reporters enlevés comme otages et 49 disparus.

La guerre en Ukraine qui a éclaté le 24 février 2022 est sans doute l’une des causes de la hausse de 18,8 % par rapport à 2021 de journalistes tués. Dès les six premiers mois de guerre, 8 journalistes ont été tués en Ukraine.

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