Editorial : Vaccination à hue et à dia

« La vaccination n’est pas obligatoire, mais fortement recommandée ». Cette phrase a été martelée sur les antennes des médias tant publics que privés pendant des mois par les émissaires du gouvernement, et ceci depuis l’arrivée des vaccins contre la covid 19. Mais depuis le 9 septembre dernier, cette vaccination au-delà d’être fortement recommandée comme aime le clamer le gouvernement, est devenue obligatoire pour les fonctionnaires de la République et pour toutes les usagers des services administratifs. Autrement, il faut dorénavant présenter une preuve vaccinale avant d’accéder aux bâtiments administratifs.

Pour le gouvernement togolais, c’est la nouvelle stratégie qui s’impose face à la flambée des cas de covid 19 notamment à cause du variant delta, lequel est hautement contagieux. Madame le Premier ministre lors des débats houleux au parlement a justifié ce regain pour la vaccination par le fait qu’il n’était pas dans l’agenda du gouvernement de laisser se périmer des vaccins qui auraient coûté la bagatelle somme de 20 milliards. C’est donc cette pression qui pousse le gouvernement et toutes les administrations publiques à imposer le vaccin à tous les fonctionnaires de la République et à tous les usagers de leurs services.

Ainsi, que ce soit pour un étudiant qui veut accéder à l’Université de Lomé, ou quiconque qui veut faire établir sa carte d’identité nationalité pour ne citer que ces exemples, il faut présenter une preuve vaccinale. L’on comprend aisément que la même injonction ait été faite aux leaders religieux, ou le choix de la fermeture des lieux de culte. Ces derniers étant dans l’incapacité d’aller contre les livres saints qui ne discriminent pas l’accès à un lieu de culte sur la base d’un quelconque document, ce qui serait véritablement malsain, n’ont purement et simplement pas pu se conformer à la requête du gouvernement qui souhaiterait à obliger ou de conditionner l’accès aux lieux de culte sur présentation d’une preuve vaccinale. La suite on la connait.

Cette obligation masquée et indirecte n’est pas dans l’ordre normale des choses. Et il faut le dire haut et fort. Elle n’est inscrite nulle part dans la constitution de notre République, et donc viole les libertés individuelles des citoyens et discriminent l’accès ou la jouissance à certains services.

Si les scientifiques donnent des garanties sur les vaccins contre la covid 19, il n’en demeure pas moins que plusieurs personnes et personnalités non des moindres à l’instar de l’ancien premier ministre ivoirien Charles Konan Bany et l’artiste membre du groupe Kassav, Jacob Devarieux, quoiqu’ayant reçu chacun les deux doses requises de vaccins, ont quand même trépassé face à la maladie du moment.

Dans un contexte de fiabilité discutable de ces vaccins, de leurs effets secondaires incertains sur le long terme et de la non maitrise du mal de la covid 19, il serait dommageable pour le gouvernement togolais d’obliger ses citoyens à se faire vacciner sous peine de discrimination. Nul ne connait l’avenir et il serait mieux d’appliquer réellement l’assertion du gouvernement selon laquelle « la vaccination n’est pas obligatoire, mais fortement recommandée », au risque d’être conduit devant le tribunal de l’histoire, si les choses tournaient un jour au vinaigre. La vaccination doit être libre et consentante au lieu d’être à hue et à dia comme actuellement. S’il vous plaît, 20 milliards de francs CFA ne valent pas la vie des togolais !

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